Chaque année à l’UCLouvain, une cérémonie est organisée pour honorer diverses personnalités ayant eu un impact important pour le monde académique et dont le travail et les projets ont permis des avancées considérables pour la société en général. À ce jour, le Doctorat Honoris Causa correspond au plus haut titre honorifique décerné par l’université.
À l’occasion de la cérémonie des Doctorats Honoris Causa 2024, nous avons accueilli sur notre campus 3 personnalités marquantes qui toutes luttent en faveur de l’universalité des cultures et de la multiplicité des droits. Nous sommes allés les rencontrer lors de la conférence de presse qui se tenait ce mercredi 14 février à l’Aula Magna, découvrons-les.
Theresa Kachindamoto
Theresa Kachindamoto est cheffe traditionnelle dans le district de Dedza au Malawi, un rôle important qui est longtemps resté dédié aux hommes. Face à ce genre d’injustices, Theresa Kachindamoto s’est battue et a agi tout au long de sa vie pour permettre des avancées en termes de droit des femmes et d’accès à l’éducation. En 2015, l’Assemblée nationale du Malawi a adopté, grâce à elle, une loi interdisant le mariage en dessous de 18 ans. Ces mariages précoces étaient pourtant très fréquents en raison de la dot qui est incombée aux femmes. En parallèle de cela, Kachindamoto a également permis à de nombreux enfants d’accéder à l’école, payante jusqu’en 2018 au Malawi. Même si son combat était un processus qui a pris de nombreuses années, Mme Kachindamoto est désormais très satisfaite aujourd’hui de ce cheminement. « Maintenant, les choses évoluent comme je le désire [au Malawi], je n’ai plus de demandes majeures. Le plus important, c’était l’éducation des garçons et des filles et la suppression des mariages précoces. Tout va de pair ». C’est donc toute une population qui a bénéficié du travail de Theresa Kachindamoto. Elle a d’ailleurs fortement été remerciée par son pays, en particulier par son Président, et c’est notamment pour sa bonté que son rôle de cheffe lui a été attribué dans son district.
Bernard Foccroulle
Connu pour sa carrière à l’internationale, Bernard Foccroulle est un musicien et compositeur belge. En 2006, il a d’ailleurs été l’un des artistes en résidence de notre campus à l’UCLouvain. Ancien directeur du théâtre royal de la Monnaie, Foccroulle a multiplié les projets en faveur d’un meilleur accès à la culture. La dimension interculturelle est également au cœur de son travail qui, d’après lui, est composé de deux éléments fondamentaux : la musique et le partage. « Cette dimension culturelle repose sur la réciprocité. C’est le fait de reconnaître dans la culture de l’autre (…) des valeurs qui ne sont pas inférieures à notre propre culture. C’est essayer d’établir de la manière la plus horizontale possible les conditions d’un dialogue qui nous permet de créer en commun, et c’est là que la musique offre un nombre infini de possibilités ». Bernard Foccroulle place également les enjeux environnementaux au cœur de sa réflexion. Il nous encourage à établir une alliance entre l’université et l’art, afin de créer une ouverture permettant d’accueillir la diversité des perspectives, considérée comme essentielle pour lui.
Seyla Benhabib
Seyla Benhabib est une philosophe turco-américaine et professeure à l’université de Yale, notamment en sciences politiques. Engagée particulièrement dans la question des migrant.es, sa vision cosmopolite de notre société marque fortement son travail. Elle considère notre démocratie comme un monde aux frontières poreuses et ouvert au pluralisme. D’après elle, « le lieu de naissance d’un enfant ne doit pas déterminer ses chances d’évolution dans la vie ». Pour cela, elle se bat en faveur du principe de réciprocité égalitaire qui considère que les membres des minorités doivent avoir les mêmes droits que la majorité. « Au-delà de l’obligation légale, on doit s’occuper des autres. Ce sont des actes de générosité, offrir de l’aide, être solidaires, c’est cela la vraie citoyenneté ».
Cette année, cette cérémonie des Doctorats Honoris Causa s’est exceptionnellement tenue aux côtés de la KU Leuven à l’occasion des 600 ans de nos deux universités sœurs. L’année prochaine, cette collaboration sera cette fois-ci réitérée sur le campus de Leuven. Rendez-vous là-bas !