L’étudiant en blocus, ce curieux spécimen

Chaque début d’année, c’est pareil: « Cette fois c’est la bonne, je vais aux cours et je relis mes notes tous-les-jours ». Ensuite, l’étudiant devient étonnamment amnésique et jure ne jamais avoir prononcé ces mots. Puis décembre arrive et il ne connaît toujours pas la couleur des sièges de son auditoire. C’est à ce moment que le blocus devient sa dernière cartouche et que l’étudiant se métamorphose. Étude de ce phénomène…

Quand la petite sœur de l’étudiant crie « C’est les vacaaances », pour lui, cela rime avec sentence. Le temps de l’oisiveté est révolu et c’est le moment d’assumer la contre-productivité dont il a fait preuve toute l’année. Il abandonne ses bottes de casa pour enfiler une tenue « je sais que c’est moche mais c’est confortable » (le seul avantage du blocus, c’est qu’il permet d’être dégueulasse).

Soudainement, le jogging devient une seconde peau et la douche un concept inconnu. La fille a une légère tendance à ne plus se laver les cheveux et se surprend même à créer des coiffures loufoques uniquement avec la graisse de sa tignasse. Et en être fière. Ainsi fagoté, il devrait idéalement s’installer à son bureau pour étudier. Idéalement. Parce que tout semble l’empêcher d’ouvrir son syllabus de « droit consitutionnel et régimes politiques étrangers entre 1789 et 1881 ».

Mais ce n’est pas de sa faute si une force irrésistible le pousse à changer l’ampoule de sa chambre qui ne l’a jamais dérangée ces 4 derniers mois. C’est cette même force qui le pousse à aider sa mère à faire les courses et à considérer l’anatomie d’une mouche comme totalement hypnotisante (« Tiens donc, et si je changeais justement d’études pour devenir entomologiste » ? Oui bien sûr, c’est tout pile la bonne période pour envisager une nouvelle orientation).

Incollable sur l’anatomie drosophile, il s’accorde alors une petite pause. C’est à cet instant qu’il peut sombrer du côté obscur de la force : non, « True detective » ne résoudra pas ses problèmes de math, « Dr House » ne lui soufflera pas où se trouve l’hypothalamus et « Game of Thrones »n’éclairera pas son cours de droit de la famille (lui-même ne sait pas qui est sa mère). Il serait plus judicieux de s’attarder sur la reproduction du poulpe sur Arte, cela le convaincra de se replonger dans son syllabus.

Ainsi donc se termine la découverte du studentis blocus. Cher lecteur, tu t’es sûrement reconnu dans cette description. Ne mens pas, on est tous fait pareil. Sur ce, je te souhaite tout mon courage pour ton blocus, que la force soit avec toi.

Camille (étincelante 2014-2015)

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