Vous commencez tout doucement à nous connaître : affublé de notre veste militaire, nous arpentons le campus en clamant : « L’Étincelle, journal des étudiants écrit PAR les étudiants, POUR les étudiants !!! ». Bon nombre d’étincelants sont passés par ce projet avant nous. Les questions suivantes nous ont alors traversé l’esprit : Comment le projet a-t-il été créé ? Comment a-t-il évolué? Après 5 heures passées au téléphone à appeler des anciens et une vingtaine de pages de notes… voici la réponse à ces interrogations historiques.
Sortis en 1994, les premiers feuillets de l’Étincelle cultivaient à l’origine les étudiants de… Namur ! Ses créateurs, Messieurs Brihay et Van Der Avoort, étaient à l’affût de la moindre création artistique. Quiconque souhaitait partager ses textes ou dessins pouvait les déposer à l’épicerie de Mme Stimart, qui n’est autre que la maman de Benoît Poelvoorde. Le premier numéro contenait déjà une interview du dessinateur des Tuniques Bleues, et était tiré à 400 exemplaires.
Ce n’est qu’en 1997 que le journal fut importée dans notre cité néo-louvaniste par deux amoureux des mots, Cédric Petit et Bruno Nuttens. Ils jurèrent de perpétuer l’esprit des précurseurs namurois en écrivant une revue culturelle de 24 pages, tirée à 100 exemplaires et vendus à 30 francs/pièce. Critiques littéraires, cinéma, musicales ou théâtrales… tout y passait. Rédigeant les articles sur le clavier de l’unique ordinateur que le kot possédait. Le journal impressionnait par ses interviews (comme celles de Pennac ou Bauchau) et séduisit rapidement le campus, obtenant sa propre page dans La Savate et une rubrique au Radio-Kot.
Mais à nouveau millénaire, toute nouvelle équipe ! En 2000, ce sont 8 nouvelles têtes qui emménagent au-dessus de la crêperie bretonne (l’ancienne adresse du kap), avec une idée précise de l’orientation qu’elles voulaient donner au projet : faire ce que les journaux ne faisaient pas. C’est-à-dire une revue centrée sur les événements culturels à Louvain-la-Neuve uniquement. L’idée eut tant de succès qu’un numéro spécial fut dédié à l’histoire culturelle de la ville, mettant à l’honneur ses peintures murales, ses fontaines, ses sculptures… Durant l’interview du président de cette génération, nous nous sommes rendus compte que ses préoccupations financières étaient les mêmes que les nôtres : comment financer un journal gratuit sans trop dépendre de l’UCL et sans se noyer dans la publicité à outrance ?
S’improvisant tantôt ouvreur au Jean Vilar, tantôt vendeur de pâtes aux 24h vélo, les étincelants de l’époque ne manquaient pas d’imagination pour trouver des solutions ! Vu l’ardeur avec laquelle cette équipe 2000-2003 vivait son projet, il serait regrettable de ne pas savoir ce que sont devenus ses membres : journalistes, producteurs de cinéma, sexologues, professeurs de français, et même présentateur du Jardin Extraordinaire ! Ils se revoient régulièrement et sont restés très proches par la suite. D’ailleurs, un couple s’y est formé, s’est marié (l’équipe a écrit une Étincelle spéciale pour l’occasion), et a donné naissance à un beau bébé Étincelle !
Le projet rentre alors dans une phase plus sombre de son histoire. Si l’équipe 2003-2004 s’inscrit dans la continuité de celles d’avant, la suivante ne suit pas et l’Étincelle s’éteint l’année suivante. Manque d’implication dans le projet ? Absence de synergie ? C’est sans doute un peu de tout ça qui a provoqué un certain laisser-aller, conduisant à la non-reconduction du kap pour l’année 2005-2006… Mais en 2006, un vent nouveau souffle sur l’Étincelle, qui renaît alors de ses cendres ! Ses re-créateurs sont animés par l’envie d’écrire, par la perspective d’être un kot-à-projet et, surtout, par le sacré défi de relancer seule une véritable institution de Louv’. Désormais à 10 au lieu de 8, les étincelants, reconvertis en organisateurs de flashmobs sur la grand-place pour refaire parler du journal, ont élu domicile dans les blocs des Bruyères. Derrière une porte ornée d’une magnifique machine à écrire peinte par l’artiste FSTI, les nouveaux sont d’un dynamisme dévorant.
Si le journal de la cuvée 2006 est un peu amateur au début, dû au manque d’expérience de ses créateurs, et tiré à 500 exemplaires seulement, il n’en demeure pas moins à marquer d’une pierre blanche pour le triomphale retour qu’il représente! L’année 2007 est marquée par un nouveau challenge : après la renaissance, la croissance. Elle voit le journal changer pour devenir ce format tabloïd que vous tenez aujourd’hui… Il tranche avec les modèles précédents : des feuillets A3 pliés, ou une page mensuelle dans la Savate (le journal de l’AGL). Tiré à 2500 exemplaires, plus professionnel, plus attractif, il permet un changement de ligne éditoriale grâce à la grande place qu’il accorde à ses rédacteurs. Ceux-ci mettent alors à amorcer le virage qui a profondément métamorphosé le journal : moins de culture, plus de travail d’investigation, plus de sujets polémiques, plus d’actualité… Bref, plus de journalisme !
Après ces deux années riches en révolutions, l’équipe ultra-rodée, fatiguée, se repose un peu et laisse le train de l’Étincelle glisser tout seul sur les solides rails qu’elle avait construit. Mais elle s’accorde pour dire que le kap aura apporté à chacun un sens aiguisé de la gestion des projets et, surtout, une chaleureuse bande d’amis. Devenus aujourd’hui graphistes, historiens de l’art ou encore réalisateurs de film, les étincelants de cette génération passent avec confiance le flambeau à une équipe 2009-2010 entièrement neuve…
En 2009 débarquent dix nouveaux étincelants envieux d’apporter leur pierre supplémentaire à l’édifice. Ils cisèlent le journal avec une série de détails sexy-chocolat, comme les photos des auteurs à côté de leurs articles, la citation sur la page de garde, la naissance de M. Crotte, cette mascotte aujourd’hui disparue et souvent confondue avec un bonhomme de neige, ou encore le lancement de l’horoscope et du Kiss’n Study. Ils font également grandir le projet en passant de 6 à 8 pages et en multipliant les partenariats.
Mais c’est surtout en 2011-2012 que le projet prend une dimension nouvelle, avec l’arrivée d’un contingent de novices : ils ne se limitent plus à l’écriture d’un journal mais comprennent désormais l’organisation d’activités. L’équipe organise la première nuit de la rédaction et l’année suivante, c’est le souper journalisme qui est lancé. Cette nouvelle équipe, qui se caractérise par son étonnante proportion d’étudiants du haut de la ville, procède également à une refonte esthétique en tuant M. Crotte et en changeant le logo de l’Étincelle afin d’obtenir un rendu plus sobre, épuré, plus professionnel.