Chaque dimanche soir, les kots-à-projets se rassemblent pour discuter des bases de leur projet. Si l’on peut croire qu’il s’agit de simples discussions entre colocs, c’est en réalité des dizaines de mini associations étudiantes qui entrent en action.
Lors des réunions, de nombreuses décisions sont prises. Le plus souvent, cela concerne les activités, la gestion du budget ou encore la répartition des tâches. Bien loin d’un fonctionnement autoritaire, où les présidents imposeraient leurs décisions à tout le monde, sans aucune contestation, la majeure partie des KAPs tend à être la plus démocratique possible. Chacun peut donc exprimer son point de vue et certaines décisions peuvent être prises à la majorité, notamment via une participation directe à main levée, rappelant les préceptes de la démocratie athénienne. Comme dans notre société, chaque individu possèderait donc une voix, ou un vote.
Causes et engagement
Selon les KAPs, les thématiques varient et peuvent être le reflet de mouvements sociaux plus larges dans nos communautés. Égalité des sexes ou écologie, voilà bien des causes qui sont régulièrement défendues dans les rues de Bruxelles, et que certains projets à Louvain-La-Neuve se sont finalement appropriées. Pendant ce temps, les politiciens débattent de questions telles que… l’inclusivité ou la durabilité. Les kots-à-projets constituent donc une nouvelle manière de militer et de faire entendre sa voix comme peuvent le faire les associations et ONG au sein de notre société.
Idéalisme et réalité
Comme dans toute société, il existe aussi certains désavantages. La fusion entre lieu de vie et lieu de “travail” peut mener à certaines tensions entre les colocataires qui sont aussi, d’une certaine façon, collègues. Le tout repose sur la capacité des membres à combiner engagement et vie privée. Autrement dit, ils doivent savoir mettre leurs différends de côté et distinguer clairement ce qui concerne le projet et le reste, pour éviter que les choses tournent au vinaigre.
Par ailleurs, les kapistes et autres personnes engagées sur le campus doivent aussi trouver un équilibre avec leurs études. En d’autres cas, le projet aurait bien vite fait de prendre le dessus sur les cours, comme le boulot peut parfois prendre le dessus sur la vie de famille. Associer études et projet, c’est aussi rajouter une couche de stress et de fatigue dans des périodes déjà chargées par les cours. Force est de constater que cette situation doit faire écho à de nombreux adultes investis aussi bien dans leur job que dans une activité complémentaire.
Une école de citoyenneté
Au-delà des projets concrets, la vie en KAP est une véritable formation humaine au cours de laquelle on intègre de nombreuses valeurs, ainsi qu’une expérience de terrain que les cours ne nous donnent pas forcément. Être kapiste c’est être capable de coopérer, de gérer des conflits, de travailler en équipe mais aussi de manière autonome, c’est prendre des décisions de manière horizontale et réussir à faire des compromis.
Évidemment, c’est avoir le sens de l’engagement et être actif à différentes échelles mais être kapiste, c’est surtout et avant tout être ouvert aux autres, et à leurs différences. Dès lors, tout le monde peut se sentir à sa place dans cette société que forme les kots-à-projets, et que les kapistes prennent plaisir à animer depuis maintenant plus de 50 ans, à Louvain-La-Neuve.
Par ailleurs… peut-être pourrait-on s’inspirer de ce micro-modèle à plus grande échelle… vous ne pensez pas ?
