L’envers de la seconde main

Photographe : Matthew Henry

Tu as déjà acheté en seconde main?  Petit top à paillettes ou pantalon rose flash, c’est l’endroit idéal pour dénicher des pépites pour ta garde-robe.  Ce phénomène a de plus en plus de succès depuis la pandémie de Covid : porter de la seconde main n’est plus ringard, c’est devenu au contraire “vintage” et tendance. Pourquoi? Parce qu’on fait un geste écologique pour l’environnement et qu’on épargne le porte-monnaie par la même occasion! Solution durable mais attention aux arnaques…

Bien que ce phénomène ait pour but notable de lutter contre la surconsommation, son usage a parfois l’effet contraire. Rappelons les bienfaits d’acheter en seconde main. Comme l’explique Oxfam France, consommer de la seconde main permet de valoriser le système économique circulaire : on favorise les magasins plus proches de chez nous. 

Ainsi, au lieu de porter ton pull en laine pour le jeter trois mois plus tard afin d’en acheter d’autres, ton pull va pouvoir être porté par quelqu’un d’autre proche de chez toi, puis sa laine pourra être utilisée pour tricoter une écharpe, et ainsi de suite. D’un autre côté,  la deuxième main s’oppose à l’exploitation des ouvriers dans des pays pauvres tels que la Chine et le Bangladesh. L’achat de deuxième main est aussi réputé être nettement moins cher que l’achat d’habits traditionnel, puisque ces articles sont réutilisés et donc plus considérés comme « neufs ».

Le cas de Vinted

Parmi les magasins physiques les plus connus qui vendent des vêtements de seconde main, tu retrouves Oxfam, les petits riens, Think twice, … Sur le net, d’autres possibilités: 2ememain, bol.com, momox,… Vinted, c’est la plateforme en ligne par excellence pour vendre et acheter des articles de seconde main : l’application permet d’échanger des vêtements en quelques clics seulement. Malheureusement, ce site qui a pour but de freiner l’achat compulsif de nouveaux vêtements a aussi des effets pervers… Puisque les prix sur le site sont plus avantageux que ceux dans un magasin ordinaire, les gens ont tendance à acheter plus d’articles. C’est le principe de l’offre et de la demande : s’il y a une offre à un coût plus faible, la demande des consommateurs sera plus forte. Nous estimons en effet que 25% de la population a recours à la seconde main afin « d’acheter beaucoup d’articles à moindre prix. » 

De plus, l’application Vinted a une empreinte carbone plutôt élevée. Ce n’est pas juste parce qu’il faut envoyer le colis par la poste, mais aussi à cause de l’effet de rebond. Les prix moindres, les notifications qui attirent ton attention et le sentiment que tu fais un bon geste pour la planète vont te pousser à acheter encore plus sur le site. Cette empreinte carbone est moins importante que celle des industries de la fast-fashion, mais elle reste un élément à ne pas oublier en tant que consommateur.

La fast fashion et le greenwashing

Curieusement, depuis peu, de nouveaux sites de seconde main de marques connues font leur apparition. Comment expliquer ce phénomène ? Prenons la fameuse compagnie de fast fashion « Shein », qui a développé depuis peu “Shein2emain”, sa plateforme de revente de seconde main. Shein est une société chinoise de mode qui produit des vêtements et les exporte principalement en Occident. Depuis plusieurs années, la marque est accusée de surexploiter ses employés dans des pays pauvres et de pollution à grande échelle de l’environnement à cause de ses multiples usines, des déchets produits et des produits toxiques dus au traitement du textile. Zara et Zalando sont, elles aussi, des sociétés de production de fast fashion, au cœur de nombreux scandales, dont le travail forcé de la minorité Ouïghours en Chine.

 Alors, coïncidence ? Ces sociétés font-elles du greenwashing, c’est-à-dire des actions écoresponsables pour faire croire au consommateur que l’organisation est écologique, afin de regagner le cœur de leurs consommateurs ? C’est en tout cas ce dont elles sont accusées par de nombreuses presses, ONG et organisations activistes dans le monde. Pourtant, le souci premier n’est pas la durabilité des matières premières de ces entreprises mais la quantité astronomique de vêtements qui est produite chaque jour par ces marques : Inditex parle de résoudre un problème mineur sans résoudre la source principale du problème. Nous devons donc nous méfier de ce type de pratiques trompeuses en tant que consommateur et porter un regard critique et plus large sur l’impact des entreprises de vêtements que nous fréquentons, pour la santé des travailleurs, de la Terre et de ses ressources.

Caroline (étincellante invitée)

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