L’Homo Sapiens : moi, vous. Et puis eux. Comment, après des millions d’années d’évolution, a-t-il pu surgir une nouvelle espèce du genre humain déclinant toutes les qualités d’érudition prêtées à l’Homo Sapiens. Une sous-espèce particulière nommée « guindailleur » par la communauté scientifique qu’en tant que fervent reporter de l’Étincelle, je me dois d’en établir un descriptif des plus précis.
Le guindailleur évolue dans un foutoir démesuré qu’on appelle Louvain-la-Neuve ; ville à l’esthétisme ce qu’un bègue est à la diction. Quelle fascination lorsque je surpris dans ce dédale de bâtiments aux briques rouges jaunies par je ne sais quelle régurgitation, ce qui me sembla être une impossibilité. Un
maigrelet, puant la bière faisant, selon ses dires, une “tactique” dans un buisson arrosé d’urine, portait un affreux sweat shirt à capuche signé “polytech 2021-2022”. Je me questionnai soudainement. Comment était-il possible qu’une loque pareille puisse résoudre la moindre équation ?
Le guindailleur est donc un étudiant, certes, mais avec un sens particulier des priorités, propre à lui-même. Pendant que ses pauvres parents se tuent à 35 heures/semaine payés rase-motte par un patron borderline plaint par les RH pour payer le minerval de leur momignard bientôt plus finançable, le guindailleur, lui, guindaille. N’allez tout de même pas croire que cette bande de puits sans fond ait une lueur de lucidité qui les pousserait dans les auditoires. “Je donnerais tout pour le cercle”. Mauvaise idée Bastien, tu as cours demain.
Je continuai mon parcours d’enquête et me rendis par curiosité dans la proclamée légendaire Casa. Endroit d’ultime débauche, je fus frappé par l’odeur nauséabonde qui se dégageait de cet entre-sol douteux. La quintessence de l’horreur. “Eh DJ, mets nous les lacs du connemara qu’on danse un peu” cria un guindailleur chaussé de bottes avant de s’affonner comme un cheval. Des bottes ? Où sommes-nous ?
Le pire vint quand je vis les fameux bleus, pochtrons en puissance, se faire soumettre par une ribambelle de calottés avinés et trop sûrs d’eux. “Mec, t’inquiète c’est la déconne après ça on est tous copains” se justifia l’un d’eux avant d’être interrompu par son co-bleu. “Gars, ce matin, j’ai fait un enfer avec les copains de la MDS, je me suis endormi complètement P.M. et j’ai entendu Sabine ma co-koteuse se faire démarrer par BigBen son parrain de baptême” lui dit-il. Pathétique. J’en conclus que cette ville de débauche était également un véritable baisodrome consanguin.
La tristesse sociologique dans l’histoire est que si l’on naît guindailleur, on meurt guindailleur. “Après être sorti de mon cercle, j’ai dû trouver une autre raison de picoler avec les copains” me lança plusieurs jours après un ancien guindailleur, récemment proclamé responsable tambour des Ultra du FCBastonge, en trempant sa moustache teintée jaune pisse dans sa mousse chaude et plate. “C’était le bon temps” rétorqua-t-il nostalgiquement.
Bref, j’en conclus que le guindailleur a une philosophie de vie bien spécifique à lui-même qui a tout de même le mérite qu’on y prête attention. Retournerai-je enquêter là-bas ? Oui, mais pour ne pas dormir de la nuit et chanter sans m’arrêter.