Le Green Deal de l’Union européenne est-il menacé ?

Depuis son lancement en 2019, le Green Deal de l’Union européenne, ou Pacte Vert pour l’Europe, vise à garantir le respect des objectifs climatiques énoncés dans l’accord de Paris. Ces derniers temps, ce pacte fait l’objet de critiques et de discussions intenses.

Ursula von der Leyen porte toujours le projet d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Le 6 février 2024, elle a fixé un nouvel objectif : réduire de 90 % les émissions de CO2 de l’Union européenne d’ici 2040 et par rapport aux niveaux de 1990. Cependant, le Green Deal ne fait pas l’unanimité. La réélection de la présidente de la Commission européenne lors des élections européennes de juin reste incertaine, et ses ambitions écologiques sont clairement menacées. La Commission a déjà reculé sur plusieurs projets, repoussant la révision de la réglementation sur les substances chimiques et prolongeant l’utilisation du glyphosate pour 10 ans.

Un pacte trop ambitieux ?

Le Green Deal n’est pas simplement une loi, c’est un ensemble de mesures législatives. Les 27 États membres se sont engagés à réduire les émissions de l’Union européenne. Pour ce faire, ils ont adopté des mesures comme l’imposition d’une taxe carbone aux frontières ou la fin prévue des voitures neuves à moteur thermique d’ici 2035. Certains aspects du Green Deal, tels que son volet agricole baptisé « De la ferme à la table », ont récemment suscité la colère et le ras-le-bol chez les agriculteurs européens. Ce volet, adopté en octobre 2021, prévoit notamment une réduction de 50 % de l’utilisation des pesticides et de 20 % de l’usage d’engrais chimiques d’ici 2030. Il tend aussi à augmenter les éléments du paysage riches en biodiversité et de requalifier 10% des terres agricoles en haute diversité biologique (mares, bandes tampon, haies…).

Des ambitions « intenables » selon les agriculteurs et la présidente du Copa, Comité des organisations professionnelles agricoles de l’Union européenne.

Nous sommes confrontés à un amoncellement de normes environnementales qui menacent la viabilité de nos exploitations

Christiane Lambert, présidente du Copa

« Attention à ce que la marche ne soit pas trop haute. Nous sommes confrontés à un amoncellement de normes environnementales qui menacent la viabilité de nos exploitations », a-t-elle déclaré dans une interview accordée à Ouest-France. Pour elle, les agriculteurs veulent lutter contre le changement climatique. Ils attendent plus de soutien de la part de l’Europe.

Financer la transition énergétique

Emmanuel Macron souhaite avant tout mettre l’accent sur le volet relatif au financement de la transition. Il veut définir une stratégie claire et concrète, légitimée électoralement. Plusieurs pays ont exprimé leur volonté de ralentir voire de freiner l’avancement du Pacte vert. Des appels à une “pause réglementaire” ont été lancés par le président français en mai 2023, suivi par notre Premier ministre, Alexander De Croo. Ces appels ont été renforcés par le Parti populaire européen (PPE), majoritaire au Parlement européen, en raison des « nouvelles réalités économiques et sociales » après le début de la guerre en Ukraine en février 2022. Ces appels à une pause ne visent donc pas à freiner la transition. Plutôt à la faire avancer de manière concrète, le green deal manquant de contraintes fortes pour les Etats européens.

Cendric Everarts

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