C’est le cinquantième anniversaire de nos rues pavées, et avec elles, celui de la guindaille. Bercés par la nostalgie que nous provoque l’événement, il est amusant de se plonger dans les vieux souvenirs des seniors, premiers habitants de la ville nouvelle. À quoi ressemblaient les balbutiements de la guindaille ?
En 50 ans, tant de choses ont été construites sur le site étudiant et plus encore se sont perpétuellement transformées. Il est difficile de s’imaginer le Louvain-la-Neuve de l’époque. Encore plus dur de se projeter les images d’une fête néolouvaniste des années 70. Pour nous aider à la tâche, nous avons discuté avec Francis, un senior d’une soixantaine d’années. Il a vu la naissance de la cité étudiante et nous confie ses souvenirs. À l’entendre, il n’y a qu’une chose restée imperméable aux années défilantes : les bottes. Pratiques au début pour braver la boue venue des champs voisins et des restes marécageux, elles sont devenues la tendance ultime pour l’étudiant à la recherche de festivités. Les bottes, vestiges des soirées de nos ainés, sont capables de transformer de jeunes étudiants timorés en bêtes assoiffées, confiantes et enivrées.
Au temps des premiers échafaudages et des premières tonnes de béton coulé, il n’y avait pas encore d’infrastructure pour accueillir les étudiants. Pas de Casa, de Cercles ou de Salmigondis. C’était à la Ferme du Biéreau que les fêtes battaient leur plein. Le fermier propriétaire prêtait généreusement ses locaux et certaines de ses caves aménagées. Les premières lueurs de la guindaille ont vu le jour sous terre, avant d’arriver dans les bistrots fraîchement implantés sur le site. Rue des Wallons, c’était là qu’il fallait être pour boire un coup et faire des rencontres. Francis s’en souvient d’un en particulier, loin du centre cette fois-ci : Café La chope.
Pour les jeunes de la région comme Francis, l’implantation d’une ville étudiante au lieu des champs était une aubaine. « J’avais un peu moins de la vingtaine. Avec mes amis, on voulait faire la fête. À partir d’un certain âge, les fêtes de villages ne suffisent plus. On était en demande d’un endroit car on n’avait rien. Juste un vélo. Mais c’était suffisant pour aller arpenter les rues nouvelles de l’université. Je ne peux pas vous dire mes anecdotes de l’époque car elles ne se racontent pas, mais disons que oui, j’étais un des premiers à avoir vomi à Louvain-la-Neuve ».
Née dans les champs, bercée dans la boue et vécue en bottes dans les caves d’une ferme, à l’extérieur les beaux jours ou dans quelques bistrots aux noms oubliés les jours de pluie, voilà les premiers pas de notre guindaille néolouvaniste. Les balbutiements de notre culture étudiante aujourd’hui si riche et si fièrement arborée.