Les rugissements des prédateurs ayant été remplacés par le vacarme assourdissant des klaxons d’un embouteillage, la peur semble de plus en plus inadaptée dans notre société moderne.
La peur est une émotion accompagnant la prise de conscience d’un danger extérieur. Elle est liée à l’instinct de conservation par la prudence qu’elle génère. La peur, selon une perspective évolutionniste, vise donc à protéger notre intégrité physique.
Un circuit primitif
Cette émotion est retrouvée dans l’entièreté du règne animal et nous partageons avec lui le circuit cérébral immuable responsable de sa genèse. L’on comprend alors aisément qu’elle est, avant toute chose, un héritage de notre évolution. Hormis modulation génétique ou eugénisme, elle fait désormais partie intégrante de la condition humaine.
Pour nos ancêtres, tant mieux !! Dans un monde de dangers multiples et imprévisibles, c’était indispensable. Il fallait reconnaître une menace le plus vite possible afin de pouvoir agir rapidement et de la manière la plus adaptée.
Mais le monde a changé.
Un circuit désuet
En Occident, nous vivons dans un monde où notre intégrité physique est très rarement menacée. Notre circuit cérébral de la peur peine à trouver une menace réelle. Si ce danger n’existe plus dans sa forme passée, ce circuit l’inventera. C’est ainsi que la peur apparaît dans notre quotidien et que des choses minimes peuvent facilement paraître insurmontables, alors que nous vivons, pour la plupart, dans une société de sécurité physique et matérielle.
Le danger peut être réel ou perçu. Là est bien toute la nuance ! Dans notre confort moderne, ce n’est plus une question de la réalité de la menace mais bien de la manière dont nous la percevons. Si, lors d’une baignade dans le lac du coin, un énorme crocodile apparaît devant nous, au sein de tous naîtrait une sensation de peur. Pour autant, l’on a tous également peur de choses diverses et différentes. Là est bien un témoin que les objets actuels de la peur s’écartent de son objectif premier : nous prémunir des choses menaçant notre intégrité physique. Par exemple, avoir peur de prendre la parole en public. Que peut-il vraiment se passer de grave ? Est-ce constructif de craindre cela ? La meilleure attitude ne serait-elle pas de surmonter sa peur ?
Peur et angoisse
Chez l’Homme, à part dans certains cas de figure, il est plus adapté de parler d’angoisse ou d’anxiété. C’est une peur sans objet, qui ne sait donc pas exactement de quoi elle a peur. Cela se traduit par une agitation psychique désordonnée et désagréable, ainsi qu’une sensation diffuse d’inconfort physique. Il est alors plus difficile de comprendre ce qui nous angoisse, puisqu’il n’y a pas d’objet précis et bien défini. L’anxiété est plurifactorielle. Y répondre par un comportement adapté devient bien moins évident. S’installe alors progressivement un état de stress latent et envahissant que l’on peine à extérioriser, chose indispensable pour la régulation émotionnelle. C’est ainsi que l’anxiété peut mener à un état de paralysie psychique menant souvent à l’évitement de l’élément anxiogène.
Un message d’adresse à nous-mêmes nous invitant à l’action
La première étape est de caractériser l’objet de notre peur. Il faut la comprendre. Il est très utile de partager notre crainte aux perspectives d’autrui, ce qui peut être difficile puisqu’il faut faire preuve de vulnérabilité.
Une fois notre peur comprise, il s’agit d’imaginer des solutions concrètes qui nous permettraient de la dépasser. La meilleure manière restera très souvent de la confronter.
Alors, réfléchissez bien. Et si vous disiez à votre voisin de classe que vous voudriez être plus qu’ami ? Et si vous communiquiez à vos proches que vous les aimiez ? Et si vous arrêtiez de vous cacher derrière des mensonges et décidiez de montrer votre vulnérabilité aux personnes de confiance ?
Le monde est l’univers des possibles et c’est un choix individuel que de se fixer des limites. A vous de jouer désormais. Après tout, l’esprit crée l’abîme, le cœur le traverse.