La grogne des agriculteurs : toute une histoire !

Sauf si tu es un ermite, tu n’as pas pu passer à côté de la mobilisation des agriculteurs qui a bloqué l’ensemble de notre plat pays. Tu sais, les gros tracteurs sur l’autoroute et dans le cœur de notre capitale. Mais pourquoi sont-ils sortis de leurs champs ? Accroche-toi, je t’emmène dans la grande histoire de l’agriculture européenne !

Si comme moi, voir des tracteurs ton village est commun, pour d’autres, ça l’est un peu moins. Alors, quand ceux-ci déboulent en centre-ville, certains les remarquent enfin et s’étonnent sans comprendre leurs revendications.

Ce sont les agriculteurs français et allemands qui ont commencé le mouvement de protestation. En cause ? La hausse des taxes des carburants qu’ils utilisent pour alimenter leurs machines agricoles, les GNR (gazole non routier). Le mouvement de contestation s’est propagé également en Belgique avec comme revendications principales ; la charge administrative qui s’est intensifiée, de plus en plus de réglementations environnementales à respecter (augmentation de la surface de jachère, ce moment où la terre n’est pas cultivée pour la reposer), les faibles revenus qu’ils gagnent de leur travail. Ils dénoncent l’absurdité des accords de libre-échange permettant de faire venir des biens de consommation ne respectant pas les mêmes règles que celles imposées en Europe.

Un problème, plusieurs niveaux de pouvoir

Pour mieux comprendre la grogne des agriculteurs, il faut avant tout comprendre comment les matières agricoles sont divisées. En Belgique, les compétences sont partagées entre le niveau fédéral et les Régions. A ceci, il faut ajouter le niveau européen, où les accords de libre-échange sont négociés et où la PAC est négociée. 

La PAC c’est la politique agricole commune de l’Union européenne. Elle consiste à “soutenir les agriculteurs et améliorer la productivité agricole” d’après la Commission européenne.

On le voit, de par la multiplicité des acteurs et des niveaux de pouvoir, une réponse concrète à leurs revendications n’est pas simple. Si pour le carburant, le GNR, la solution se trouve au niveau des Etats, d’autres règles dépendent de l’UE et des Etats, et des Régions en Belgique. Certaines règles proviennent directement de l’Union mais ce n’est pas pour cela que les Etats membres de l’UE n’ont pas leurs mots à dire. Par exemple, la PAC (la politique agricole commune) est négociée entre le Parlement européen et le Conseil de l’Union européenne. Le Conseil est le lieu où les 27 ministres de l’agriculture se retrouvent pour plancher sur la législation européenne sur un même pied que le Parlement.

Des demandes réalistes ?

Maintenant que la répartition des compétences entre les niveaux de pouvoir est faite: est-ce que les demandes des agriculteurs sont réalistes et peuvent être mises en œuvre ?

On se souvient qu’ils dénoncent la charge administrative qui se serait alourdie depuis plusieurs années. Cette question appartient à la Région wallonne. La gouvernement wallon a modifié certaines procédures comme lors de la naissance d’un veau par exemple. La nouvelle procédure étant plus compliquée et plus longue d’après les agriculteurs.

Concernant le prix qu’ils perçoivent de leurs bêtes, produits agricoles, lait, et autres, ils avancent que cela n’est pas assez pour vivre.Ou encore, qu’ils produisent à perte, les coûts de vente se rapprochant des coûts de production. Répondre à leur demande de juste rémunération pour le travail qu’ils fournissent n’est pas simple. Les prix des produits sont déterminés en fonction du marché sur lequel ils se vendent, mais aussi selon la quantité, la demande, la période, le stockage, et le moment où le prix peut être revu (de chaque semaine à plusieurs mois). Sachant que chaque produit suit sa propre logique, il est difficile d’agir sur chacun d’eux individuellement.

En bref, des démonstrations bien nécessaires pour assurer la survie d’un secteur qui a de plus en plus de mal à vivre si aucune action n’est prise. Que ce soit à l’échelle la plus proche ou à l’échelle européenne. Il est clair que sans des actions concrètes et une réelle envie de reconsidérer la profession, l’agriculture wallonne, belge, et européenne comme nous la connaissons actuellement, risque de disparaître au profit d’une logique de libre-échange effrénée.

Louis Tillieux

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