Ce mardi 28 septembre, pour notre (et le vôtre également) plus grand plaisir, l’Étincelle a participé à une nouvelle activité, signée, cette fois, par le Kap Signes. Au programme : questionnaire sur la langue des signes, initiation aux bases de la langue et apprentissage d’un chant bien connu. On vous raconte tout.
Tout d’abord, LSFB, késako ? C’est la Langue des Signes Francophone de Belgique. Eh oui, il n’existe pas (encore) de langue des signes internationale, et même au sein d’une communauté linguistique, les langues ne sont pas les mêmes (comme le français de France et celui de Belgique ou du Québec, mais en plus complexe). Les langues des signes diffèrent donc en fonction des représentations des mots que se font les communautés. De nombreux mots et signes sont différents : l’alphabet n’est d’ailleurs pas entièrement le même entre la LSF et la LSFB. Il y existe même des régionalismes : un Liégeois ne parlera pas nécessairement comme un Tournaisien (c’est comme le débat entre chique et bonbon). Complexe donc pour une langue qu’on croirait devoir être universelle.
L’initiation commence dans un auditoire plein d’étudiant.es prêt.es à faire chauffer leurs doigts et à en apprendre plus sur une langue trop méconnue. Le cours débute sur un questionnaire de la représentation que l’on se fait des sourd.es et malentendant.es : un.e sourd.e est-il bruyant ? peuvent-ils/elles conduire ? comment réveille-t-on un.e sourd.e ? C’est là qu’on se rend compte que l’on connaît très peu ces réalités que vivent près de 450 000 personnes (sourd.es et malentendant.es compris.es) en Fédération Wallonie-Bruxelles, selon une étude de 2018.
Ensuite, l’initiation : l’alphabet, les chiffres, les phrases de base. Malgré quelques problèmes de psychomotricité des étudiants (ou peut-être juste de ma part), les kapistes arrivent à rendre ludique l’apprentissage et il semble presque facile de signer. L’audience est restée relativement attentive grâce aux tournantes des intervenant.es (un.e sourd.e/malentendant.e et un.e interprète) à chaque partie de l’initiation. Avec brio, et surtout avec humour, ils ont réussi à décomplexer les aprioris que nous aurions pu avoir sur cette langue.
Il est clair qu’on n’apprend pas une langue en 1h30, mais en m’étant entraîné presque tous les jours depuis, je peux maintenant me présenter. L’initiation se termine magistralement par une introduction au « chant signe » (parce que oui, les sourd.es chantent aussi, mais avec leurs mains). Le chant signe, c’est l’interprétation d’une chanson en signes (captain obvious à la rédac’) et le tout donne un ensemble homogène presque dansant. Si vous voulez apprendre Louvain la Neuve en signes, allez les voir (ou inscrivez vous pour leur activité de chantsignes) ou venez me voir (parce que j’ai un peu retenu les gestes).
Cette activité m’a offert plus qu’une introduction à une langue qu’il me semble indispensable de connaître, elle m’a ouvert les yeux sur les iniquités que subissent les sourds en général, mais également les sourd.es/ malentendant.es wallons face aux autres sourd.es/ malentendant.es de Belgique. Rien que pour les cours, par exemple, les Wallon.nes disposent d’un quota de 450h/an pour bénéficier d’un.e interprète, là où les Bruxellois.es ont 600h et les Flamand.es n’ont pas de quota à respecter. Bref, ce genre d’initiation, en plus d’être indispensable, drôle et tout ce que vous voudrez, nous montre à quel point il est important de pouvoir communiquer avec tout le monde, dans une Belgique où les différences ne font que s’accroître. Heureusement pour vous, l’activité aura encore lieu en S10, alors n’hésitez plus !