Hollywood promet plus de femmes à l’écran. Mais entre apparition symbolique et rôles consistants, deux tests populaires, celui de Bechdel et le très piquant « test de la lampe sexy », rappellent que la représentation ne se mesure pas seulement au nombre de personnages féminins… mais à leur utilité réelle dans l’histoire.
Commençons pas le test de Bechdel, du nom de l’autrice de BD qui l’a popularisé, Alison Bechdel. Ce test permet de mettre en évidence la sous-représentation de personnages féminins dans une fiction. Ce test repose sur trois critères.
Premièrement, l’œuvre doit présenter au moins deux femmes identifiées par un nom ou un prénom ; deuxièmement, ces femmes doivent avoir une conversation entre elles et troisièmement, cette conversation doit porter sur un sujet n’ayant aucun rapport avec un homme.
Si l’œuvre rassemble ces trois critères, le test est réussi. Si ce n’est pas le cas, cela laisse penser que l’œuvre est centrée sur des figures masculines, voire correspond au syndrome de la Schtroumpfette (c’est-à-dire la surreprésentation des protagonistes masculins dans les œuvres de fiction au détriment des protagonistes féminins).
Alison Bechdel regrette aujourd’hui que l’appropriation académique d’un simple gag à l’origine puisse parfois réduire la portée féministe des œuvres de fiction à des critères un peu simplistes (fun fact : Twilight réussit par exemple le test). Néanmoins, il reste intéressant de constater que la présence de femmes dans l’industrie cinématographique influence de façon notable les chances qu’un film réussisse le test.
Aujourd’hui, certains internautes ont créé une version améliorée de celui-ci, une version qui se base également sur trois critères principaux. Premièrement,L’œuvre comporte au moins un personnage féminin. Deuxièmement, ce personnage a son propre arc narratif. Troisièmement, cet arc ne consiste pas à soutenir le développement d’un personnage masculin.
Le test de la lampe sexy
Inventée par la scénariste de comics Kelly Sue DeConnick, cette expression désigne un personnage féminin d’une œuvre qui pourrait, sans avoir d’impact sur l’intrigue, être remplacé par une lampe sexy. Il s’agit de ces luminaires à jambe de femme élancée que l’on trouve parfois chez les brocanteurs ou les nostalgiques des années 80.
Pour le dire autrement, ce test vise à estimer si les scénaristes ont réellement caractérisé leurs personnages féminins ou s’ils se sont contentés de créer de simples potiches, des demoiselles en détresse, ou des récompenses. Dans ces conditions, on pourrait aisément remplacer ces personnages par un simple élément de décor affublé d’un porte-jarretelles, sans que le récit n’en soit réellement affecté.
Il faut noter que si le personnage féminin a pour fonction de donner des informations cruciales au personnage principal, on le remplace alors par « une lampe sexy avec un post-it collé dessus ».
Des outils imparfaits mais nécessaires
Aucun de ces tests ne prétend offrir une analyse totale ou définitive de la représentation des femmes dans la fiction. Tous présentent leurs limites, et certains reposent volontairement sur la satire. Pourtant, pris ensemble, ils dessinent un même constat, on peut encore mesurer très facilement, et souvent cruellement, la manière dont les récits continuent de marginaliser les personnages féminins.
Ces outils, aussi imparfaits soient-ils, ont le mérite de maintenir la conversation ouverte et de rappeler que la diversité derrière la caméra reste l’un des moyens les plus sûrs d’améliorer la diversité à l’écran.
