Et les jeunes dans tout ça ?

Quand on voit les récentes sorties médiatiques sur le nouveau gouvernement, on peut avoir l’impression de ne pas être concerné… Pourtant, le mot “étudiant” est cité près de 22 fois dans le nouvel accord. Au niveau fédéral comme en Fédération Wallonie-Bruxelles, des décisions contestées se profilent, suscitant l’inquiétude des représentants étudiants.

« C’est un gouvernement de casseurs, avec des mesures d’austérité qui reprennent la logique de Thatcher : There is no alternative », tranche Adam Assaoui, président de la FEF (Fédération des étudiant.es francophones). Un constat sans appel face aux premières annonces du gouvernement d’Arizona, qui inquiètent une partie du monde étudiant.

Parmi les mesures les plus contestées, l’augmentation du quota de travail non-taxé des étudiants à 650 heures par an. « C’est un tiers-temps… Et les études dans tout ça ? » s’interroge Assaoui. Pour le syndicat étudiant, cette augmentation ne fait que masquer la précarité étudiante au lieu de s’attaquer aux vraies causes de celle-ci. En poussant les étudiants à travailler plus, on alimente une boucle infernale : plus de travail pour survivre, moins de temps pour les études et, à terme, davantage de difficultés académiques.

Un risque de précarisation des familles

Autre point de crispation : la concurrence entre travailleurs et étudiants sur le marché de l’emploi. « L’amplification des jobs étudiants remplace des emplois qualifiés, souvent occupés par des parents d’élèves », explique le président de la FEF. Une situation qui, selon lui, précarise davantage les familles et réduit les recettes de l’État, les étudiants cotisant bien moins que les travailleurs classiques.

Un encadrement des libertés

Sur le terrain des libertés publiques, la FEF s’inquiète également du retour de la loi Van Quickenborne, jugée anticonstitutionnelle par de nombreuses associations car elle limitait le droit de manifester. « Ce gouvernement ne veut pas que les étudiants se lèvent contre ces mesures alors qu’il est foncièrement anti-jeunes », assène Assaoui. À cela s’ajoute la coupe budgétaire de 25 % pour l’UNIA, organisme de lutte contre les discriminations.

Le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles inquiète aussi

Si le gouvernement fédéral attire les critiques, celui de la Fédération Wallonie-Bruxelles n’est pas en reste. Il envisage de remettre sur la table la réforme du décret Paysage, à laquelle les étudiants s’étaient déjà fermement opposé.es. En 2024, une pétition contre cette réforme avait récolté plus de 45 000 signatures. « Pourquoi revenir sur un texte qui a déjà été rejeté par la communauté étudiante ? C’est se séparer des acteurs de terrain » s’interroge Assaoui.

Par ailleurs, ce gouvernement prévoit un définancement de l’enseignement supérieur à hauteur de 6,5 millions d’euros, une mesure qui fait réagir jusqu’aux professeurs habituellement les moins revendicatifs selon le président du syndicat étudiant. Tout ça alors que les rectorats universitaires réclamaient déjà un refinancement d’urgence de l’enseignement supérieur, jugé sous-financé depuis des années.

Une mobilisation qui prend de l’ampleur

Malgré tout, la contestation s’organise. La FEF a récemment lancé une pétition contre le retour de la réforme Paysage, liée aux nouvelles orientations du gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. « En quatre jours, on a récolté près de 4000 signatures ! », se félicite Assaoui.

« On a déjà fait tomber un gouvernement l’année dernière, on peut le refaire ! » prévient le président du syndicat, qui n’hésite pas à appeler les jeunes à s’engager dans les structures militantes : « Il y a de l’espoir, et l’espoir est dans le collectif ». On peut donc s’attendre à une intensification de la mobilisation étudiante dans les prochaines semaines.

Paul de Marneffe

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