Sous la direction de Jasmina Douieb, “Les trois sœurs (version androïde)” nous entraîne dans une adaptation contemporaine audacieuse de la pièce de Tchekhov. C’est dans le cadre idéal du théâtre Jean Vilar que cette adaptation a pris vie, mêlant réflexion entre la technologie et l’humain.
Dans un Japon où l’industrie robotique, autrefois florissante, a perdu de son éclat, la famille Fukazawa se retrouve pour marquer l’anniversaire de la disparition du père. Dans leur maison, qui accueille aussi bien humains que robots, les trois sœurs et leur frère organisent une réception. Alors que la soirée avance, les conversations prennent un ton plus sérieux, et des tensions jusque-là dissimulées commencent à émerger. Ce sont pourtant les robots, avec leur franchise programmée, qui exposent des vérités que les humains préfèreraient garder enfouies, brisant ainsi le voile des apparences.
D’un point de vu scénographique, le décor de la pièce est impressionnant : une maison moderne et polyvalente, où chaque élément prend vie au fil des scènes. Une multitude de fauteuils, ingénieusement agencés, permet de composer des configurations variées donnant une dynamique visuelle forte. Les stores, manipulés mécaniquement, enrichissent les transitions et permettent d’intégrer les personnages de façon fluide et esthétique.
Du côté des performances, Raphaëlle Corbisier (Ikumi) et Sasha Martelli (Muraoka) méritent d’être saluées. Ils incarnent leur personnage androïde avec un réalisme remarquable, adoptant des mouvements et des voix robotiques saisissants, sans jamais dévier de leur rôle. Leur rigueur dans l’interprétation donne à leur personnage une authenticité troublante.
Cependant, la complexité volontaire de la pièce peut désorienter le public. Les personnages se perdent entre leurs contradictions, rendant parfois l’intrigue difficile à suivre. Ce choix semble délibéré et pousse à réfléchir sur notre capacité à nous comprendre, même si cela peut laisser certains spectateurs un peu perplexes.
Cette soirée de clôture au théâtre Jean Vilar a été un beau moment pour les étincelants, marquant la fin de leur saison théâtrale avec éclat. On attend avec impatience de nouvelles découvertes l’année prochaine qui sauront, une fois encore, nous captiver et nous étonner.