En pleine campagne présidentielle française, le candidat de la gauche (Benoît Poelvoorde) vient visiter une ville de la banlieue parisienne. Entouré d’une masse de journalistes, il déroule son discours avant d’être interrompu par un jeune animateur de quartier, Stéphane Blé (Jean-Pascal Zadi). Celui-ci lui fait remarquer toute son hypocrisie et la différence entre ses mots et ses actes. La séquence devient virale et la machine médiatique s’emballe. Un conseiller en com’ (Eric Judor) voit alors en lui un poulain parfait à faire rentrer dans la course pour la présidence. On suit donc pendant six épisodes la campagne de cet outsider, menée avec peu de moyens et beaucoup d’humour. Face à lui, plusieurs autres candidats bien clichés, dont l’excellente Marina Foïs en écolo féministe radicale. Le nom de son personnage, Corinne Douanier, ne laisse aucun doute sur l’inspiration des scénaristes pour ce rôle, Sandrine Rousseau (Le Douanier Rousseau, vous l’avez ?). Également présent, Pierre-Emmanuel Barré, qui campe le candidat d’extrême-droite Fred Cognard. Malgré quelques belles lignes de dialogue, ses apparitions restent très rapides.
La force de cette série est certainement d’être assez grand public. Il y a certes quelques blagues que l’on comprendra plus aisément en étant un assidu de l’actualité politique française, mais l’immense majorité des vannes se veut accessible. L’écriture des trois premiers épisodes est ciselée, et hormis quelques blagues franchement téléphonées, il faut reconnaitre que l’ensemble se tient. Une fois le décor bien installé, le tout s’essouffle doucement au bout du quatrième épisode. De quoi se questionner sur l’intérêt d’en faire une mini-série de 3 heures (6 épisodes d’une demi-heure) plutôt qu’un film, qui se serait très bien tenu sur deux heures.
Sans rien dire de plus sur l’intrigue et le dénouement final, disons qu’une grosse ficelle de scénario permet de nous servir une fin relativement attendue, ce qui est assez dommage au vu du reste de l’écriture de la série. Globalement, le dernier projet de Jean-Pascal Zadi pâtit d’une structure un peu attendue et faible, d’un certain manque de subtilité, mais est largement sauvé par les bons jeux d’acteurs et d’actrices des protagonistes. En Place est à découvrir sur Netflix pour quiconque souhaite passer un bon moment devant une série française de qualité, sans trop se prendre la tête. Pour les amateurs de grandes séries politiques, on conseillera plutôt de se pencher sur Baron Noir, d’une qualité bien supérieure, mais moins facile à appréhender pour ceux qui ne suivent pas la politique française avec attention.