Brexit : une souveraineté mais à quel prix ?  

5 ans après son départ de l’Union européenne, l’heure du bilan a sonné pour le Royaume-Uni. Si les défenseurs du Brexit prônent une liberté renforcée, la réalité économique les rattrape.  

Affranchi d’une série de mesures rendues obligatoires par les instances de l’UE, le Royaume-Uni a connu un regain de “souveraineté” depuis le 31 janvier 2020 (jour d’effectivité du Brexit), une indépendance qui, sur le plan matériel, s’est concrétisée par un contrôle nouveau de sa politique ainsi que de sa législation et de certains tarifs. Le gouvernement britannique peut désormais modifier des normes telles que celles sur l’immigration ou l’agriculture, et redistribuer librement une partie du budget qui était consacré à l’UE.  

Autre changement, le Royaume-Uni est dorénavant autonome pour boucler des accords commerciaux avec des pays hors-UE. C’est notamment le cas avec le Japon et l’Australie, deux pays qui ont bouclé des partenariats commerciaux et de libre-échange avec les Britanniques.  

Toutefois, ces nouveaux accords ne masquent pas la perte de nombreux partenaires européens. L’arrivée de nouvelles barrières à l’entrée ainsi que la complexification des charges administratives ont engendré des frais pour les entreprises, en particulier les plus petites, rendant l’exportation plus compliquée vers l’Union européenne. Ces contraintes ont poussé certaines d’entre elles à se délocaliser, quand d’autres n’ont pas eu le choix de mettre la clé sous la porte. 

Cela ne vous a certainement pas échappé, mais le tourisme ressent aussi les effets du Brexit. Depuis 2021, une simple carte d’identité n’est plus suffisante pour entrer au Royaume-Uni, il vous faut désormais un passeport. Et si vous comptiez sur l’Eurostar pour vous rendre de l’autre côté de la Manche, vous serez soumis à un contrôle britannique, conséquence directe du renforcement des politiques en matière d’immigration.  

En effet, là réside l’une des sources de l’essor du Brexit. Le mouvement, intimement lié à un sentiment nationaliste et une volonté de reprendre le contrôle (“Take back control”), visait à limiter le taux d’immigration, pour soulager des services publics sous pression. Seulement, si les mesures visaient à limiter ce taux, c’est tout l’inverse qui se produit dans les faits, avec l’arrivée de nombreux travailleurs hors UE et un record historique d’entrées en 2023. En revanche, l’immigration européenne a fortement baissé, provoquant des pénuries de main-d’œuvre dans divers secteurs.  

Du côté de la population, un sondage réalisé par Ipsos l’année dernière indique que 57% des habitants parlent du Brexit comme d’un échec, et seulement 13% d’un succès. Le quotidien “The Guardian” mentionne de son côté que plus de la moitié des personnes qui avaient voté “leave” en 2016 expriment un regret quant à la situation actuelle. Un sentiment plutôt négatif qui aura par ailleurs ravivé les divisions internes au sein du pays, notamment avec la nation écossaise qui remet la question de l’indépendance via un référendum sur la table.  

C’est donc dans un contexte encore instable que le Royaume-Uni tente d’avancer progressivement. Si la situation actuelle n’est pas encore optimale, le temps et l’adaptation à ce nouveau fonctionnement pourraient tourner en faveur du gouvernement britannique, qui n’aura pas été aidé économiquement et socialement par une pandémie mondiale et l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

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