Biais de genre à l’université.

En Belgique, les femmes représentent 57,3% des étudiants dans l’enseignement supérieur. Toutefois, elles continuent d’être discriminées au quotidien et n’ont pas toujours les mêmes chances que les hommes de réussir dans le milieu universitaire. Quelles sont ces inégalités persistantes entre les femmes et les hommes dans l’enseignement supérieur ? 

Avez-vous déjà entendu la notion de plafond de verre ? Celui qui empêche certaines personnes, dans un ordre hiérarchique, d’atteindre des niveaux supérieurs sur base de discriminations raciales, sexistes ou religieuses. À l’université, ce plafond n’est pas tout à fait transparent. Quand on y regarde de plus près, on se rend compte des inégalités qui subsistent dans l’apprentissage universitaire entre les sexes.

Point négatif des QCM 

Comme vous avez surement eu le bonheur de le  constater, les QCM à points négatifs sont désormais interdits à l’UCLouvain. Mais vous êtes-vous déjà demandé pourquoi ? Non, ce n’est pas pour faciliter la réussite des étudiants ni diminuer le taux d’échec d’un examen. Si l’université de Louvain-la-Neuve a décidé de supprimer les QCM à points négatifs, c’est parce que ceux-ci désavantageaient les filles. En effet, une étudiante de l’ULB a prouvé dans son mémoire que lors de ce genre de QCM, les étudiantes perdaient 3% des points de la note finale. 3% qui peuvent facilement faire la différence entre une réussite ou un échec. Cela s’explique par la tendance qu’ont les filles à se dévaloriser et à s’abstenir de répondre. Ce phénomène représente donc une discrimination de plus dans l’enseignement, étant donné que celui-ci est censé évaluer nos compétences plutôt que notre propension à cocher une case ou non. 

Quid des examens d’entrées ?  

Selon une analyse statistique réalisée par Stefan Dab et Catherin Dehon, tous les deux professeurs à la Solvay Brussels School, le taux de réussite des hommes à l’examen d’entrée de médecine est « très significativement supérieur » à celui des femmes. En effet, le taux de réussite des femmes à cet examen était entre 17 et 18% en 2018 contre 25% pour les hommes. Ils ont aussi démontré que les hommes réussissent mieux la partie physique de l’examen. Ce qui représente un désavantage significatif pour les filles qui ont pourtant les mêmes connaissances en physique.

Soit belle et tais-toi 

En général, les hommes réussissent mieux les oraux. Ce qui vient contraster le cliché selon lequel les filles réussissent mieux les oraux grâce à leur physique. J’ai récemment entendu un de mes camarades dire à une fille de ma classe qu’elle avait réussi son oral uniquement car elle avait mis un décolleté. Elle portait un col roulé ce jour-là. 

Lors d’un TED talk donné en 2019, Marie Duelz évoquait la difficulté des écoles de commerce à gérer leurs écarts de résultats entre les sexes. En effet, elle a remarqué que, lorsque des hommes et des femmes ayant les mêmes compétences sont évalués sur leur participation en cours, les hommes ont de meilleurs points. En effet, l’éducation des filles valorise plutôt la discrétion. 

Affaire à suivre… 

En bref, il existe toujours des biais de genre dans l’évaluation des compétences des étudiants, bien que certaines universités travaillent pour réduire ces inégalités. Mais cela  reste perceptible que, dans l’enseignement supérieur, nous sommes encore souvent ramenées à notre condition de femme et non pas d’étudiantes. 

Alice Gilson

3 commentaires Ajoutez les votres
  1. Bonjour,

    Merci pour l’article. Je ne comprends pas le raisonnement au sujet des QCM à points négatifs.

    Quand il est écrit que les filles sont désaventagées, je comprends qu’elles perdent plus de points que les garçons.

    Mais avec la phrase “Cela s’explique par la tendance qu’ont les filles à se dévaloriser et à s’abstenir de répondre”, je comprends aussi qu’une fille hésitera à répondre si elle elle doute de sa réponse, là où un garçon n’hésitera pas (soit qu’il soit sûr de lui, soit qu’il accepte de prendre le risque). Dans ces conditions, une fille aura moins de chance de recevoir des points négatifs pour des mauvaises réponses qu’un garçon, non ? En quoi sont-elles désaventagées ?

    Je ne pose pas ma question pour polémiquer, contredire les affirmations, etc. C’est une question sincère, pour comprendre l’article.

    Merci d’avance.

    Thomas

    1. Bonjour Thomas,

      N’ayant pas écris moi-même l’article, je ne connais pas tout les tenants et aboutissants liés à ces QCM.
      Toutefois, d’après une rapide recherche, il semblerait que le mémoire de l’étudiante n’arrive qu’à démontrer les différences en termes de points. L’explication proposée (les étudiantes se dévalorisent et répondent moins souvent aux QCM) est une hypothèse proposée par l’étudiante, mais elle n’a pas été démontrée.

      Pour répondre malgré tout à ta question : “Pourquoi les filles seraient désavantagées si leur abstention peut leur permettre d’éviter de recevoir des points négatifs”, il s’agit selon moi d’une question de statistique.

      Globalement, ne pas répondre à une question dont on n’est pas sûr de la réponse est plutôt au désavantage de la personne qui répond que l’inverse. Sur un groupe de réponses assez conséquent, ne pas répondre à des questions sur lesquelles on hésite rapporte moins de points que d’y répondre.

      Imaginons un QCM avec deux réponses possibles. Répondre au hasard vaut en moyenne 0 points. (50% de chance de faire 1, idem de faire -1). En peut supposer que même si l’on est incertain de la réponse mais que l’on a étudié le cours, on augmente les chances de répondre correctement à 55% ou à 60%. Sur l’ensemble des questions, le bilan est positif. Les filles auraient tendance à moins répondre lorsqu’elles sont incertaines quant à leurs réponses, ce qui leur fait globalement perdre des points.

      Toutefois, comme dit précédemment, ce n’est qu’une hypothèse. Les modalités des QCM sont bien souvent plus compliquées et l’exemple ne prend pas en compte les questions pièges ni la quantité de matière étudiée.

      Mais si l’on ne connait pas les raisons du phénomène, il n’empêche qu’il a quand même été observé empiriquement. Globalement, les filles sont désavantagées de 3% des points lorsque l’examen est sous la forme de QCM.

      J’espère avoir pu t’aider dans ta compréhension de l’article,

      Bien à toi,

      Antoine

      1. “Toutefois, comme dit précédemment, ce n’est qu’une hypothèse. Les modalités des QCM sont bien souvent plus compliquées et l’exemple ne prend pas en compte les questions pièges ni la quantité de matière étudiée.”

        Je rajouterai encore que cette hypothèse pourrait être étudiée et démontrée empiriquement à l’aide d’une étude avec une bonne méthodologie, mais il s’agit directement d’un travail beaucoup plus conséquent malheureusement.

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