Art et guerre, quand l’horreur côtoie la lumière

Le 15 novembre 2022, Banksy a confirmé avoir réalisé pas moins de sept œuvres en Ukraine. Elles sont devenues le symbole de la résistance ukrainienne face à l’agresseur russe dans ce conflit. L’occasion, pour l’Étincelle, de revenir sur les liens séculaires entre l’Art et la guerre.

Alors que les bombardements russes sur les villes ukrainiennes ne cessent de faire des victimes. Dans les décombres des villes de Kiev, Borodianka et Irpin, sont apparus des dessins et des peintures. Elles sont l’œuvre de Banksy, célèbre artiste britannique de street-art et dont la véritable identité reste toujours un mystère. Connu pour ses prises de position politique, il a, aujourd’hui, choisi un théâtre de guerre comme nouvelle toile pour témoigner de son art.  

La guerre, un objet récurrent dans l’Art

Si la démarche de Banksy est originale par sa façon d’utiliser comme support l’objet même de la guerre, celle-ci occupe traditionnellement une place prépondérante dans les arts aussi bien figuratifs que littéraires. Que ce soit dans l’Antiquité, dans les représentations de Mars, dieu de la guerre ou bien, à notre époque, dans les séries télévisées comme Game of Thrones, le sujet est sans cesse le conflit armé. Comme si celui-ci était le centre de l’attention humaine. Il est vrai que depuis que l’Homme existe, il s’est toujours fait la guerre et que, comme le déclare Jean Baechler dans son ouvrage La Guerre et les Arts : « on pose la guerre en facteur affectant l’Art et les arts ». La guerre au même titre que la nature ne serait qu’un objet quelconque parmi les autres pour l’artiste. Ce qui le distingue, c’est donc son importance dans l’Histoire et le fait que les individus, dans leur vie, s’en trouvent souvent marqué. Dès lors, Guernica de Picasso ou Guerre et Paix de Tolstoï ne sont que des témoins empiriques de l’Histoire humaine.

Destruction face à la création

L’Art, c’est par définition créer quelque chose. Banksy, par ses peintures murales, arrivent à faire naître l’Art, là où les bombes russes avaient arraché toute humanité. Plus que le pouvoir figuratif que l’Art peut avoir, c’est bien son pouvoir créatif qui est poussé à son paroxysme. Cela le rend d’autant plus symbolique – on se souvient notamment du CND soldiers, symbôle de l’anti-guerre, que Banksy avait décidé de faire apparaître devant les Chambres du Parlement à Londres en 2003 lors des manifestations contre la guerre en Irak – et les réseaux sociaux n’ont pas tardé à s’en emparer voyant dans cette entreprise, l’incarnation de la lutte ukrainienne comme l’a déclaré Oleksi Savochka, 32 ans, à l’Agence France-Presse (AFP) : “C’est un symbole de notre résistance inébranlable.” Certains ont même réclamé que Banksy fasse de même pour la cause iranienne dans le cadre des révoltes opposant le peuple aux Ayatollahs.

Que ce soit sur une toile, au détour d’une rue ou sur un mur blessé par les bombes, par son acte militant, Banksy montre que rien n’arrête l’Art, pas même la guerre. Cette dernière étant tantôt sujet, tantôt support, elle ne sera, en tout cas, jamais un obstacle à la création. Reste désormais à voir quelles seront les prochaines œuvres « surprises » du célèbre artiste.

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