Alice Guy, la grande oubliée de l’histoire du cinéma

Qui ne connait pas les frères Lumière, les inventeurs du cinéma ? Si leur histoire est passée à la postérité, celle d’Alice Guy, première réalisatrice et véritable pionnière de l’industrie du cinéma, a été oubliée. Retour sur la vie de cette personne si importante dans la naissance du 7ème art.

Nous sommes en 1863. La petite Alice nait près de Paris dans une famille de libraires. Elle vit d’abord plusieurs années au Chili, puis enchaine les pensionnats de bonne famille. Après des malheurs financiers, sa famille ruinée, elle doit travailler très jeune. Ce sera la sténographie, cette discipline où des personnes prennent note à toute vitesse d’un discours oral. Un métier traditionnellement réservé aux hommes, certainement dans l’industrie de la photographie, où Alice Guy arrive à 21 ans. Au comptoir général de la photographie, elle est recrutée par Léon Gaumont, futur grand nom du cinéma.

Le virage cinématographique

Gravissant petit à petit les échelons, Alice prend une place importante dans son entreprise. Suffisamment pour être invitée à la toute première projection du cinématographe des frères Lumière, qui populariseront la projection “en groupe”. En 1895, Léon Gaumont, qui lui avait mis le pied à l’étrier au comptoir général de la photographie, devient patron. Cela lui permet, en dehors de ses heures de secrétariat, de faire ses premiers pas de réalisatrice. Elle n’a pas juste filmé une scène de la vie quotidienne, comme les frères Lumière, ou joué des effets de montage comme Méliès. Non, Alice Guy crée des décors, engage et dirige une actrice, établit un scénario. C’est pour cela qu’on la considère comme la première réalisatrice de cinéma. Ses courts-métrages produits pour Gaumont sont de véritables succès, et elle va les enchainer dans les années 1890.

Une aventurière à la conquête des États-Unis

En 1902, les projets d’Alice Guy sont de plus en plus grands et coûtent de plus en plus cher. Une série de court-métrages sur la nativité, projet le plus ambitieux du cinéma de l’époque, mobilise même plus de trois cents figurants et vingt-cinq tableaux. C’est un triomphe public. Puis, elle rencontre M. Blaché, son futur mari. Elle le suit aux États-Unis où il reçoit une opportunité professionnelle. Son mari nommé directeur des studios Gaumont de New York, Alice Guy ne deviendra pas une femme au foyer comme certains l’espèrent. Au contraire. Elle va ouvrir sa propre société de production aux États-Unis, la Solax Film Co., pour laquelle elle fait construire de grands studios. 1911 marque l’apogée de la carrière d’Alice Guy. Les films qu’elle réalise et produit sont des succès critiques et commerciaux. Malheureusement pour elle, les films coûtent de plus en plus cher au fil des années 1910. Les finances du couple Blaché ne suivent plus.

 Le retour à une vie plus modeste

Sans argent, le couple est condamné à revendre ses biens immobiliers aux USA et ses parts de sa société de production. Trompée par son mari, Alice Guy se retrouve seule et ruinée, contrainte de rentrer en France. Elle poursuivra sa vie en dehors du 7e art, après une ultime tentative de reprise de studios niçois. À la fin de sa vie, elle mène une vie modeste, suivant sa fille Simone au gré de ses différents postes diplomatiques dans le monde. Alice Guy décède le 24 mars 1968, des suites d’Alzheimer.

Cet article est en grande partie basé sur le roman graphique Alice Guy de Catel & Boquet, sorti aux éditions Casterman en 2021, que je vous recommande vivement.   

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