“Pensées secrètes”, par Florence Hebbelynck et Benoît Verhaert, est une pièce adaptée du roman “Thinks” de David Loge. Présentée au théâtre Jean-Villar du 6 au 23 février, la pièce a le mérite d’inciter à la réflexion, mais nous laisse sur notre faim, Lou-Anne Dangremont.
Deux personnages, un campus. Une romancière, un chercheur en sciences cognitives. L’une est romantique et reste fidèle à un amour défunt, l’autre est volage et n’hésite pas à trahir sa femme au fil des aventures. Tout les oppose, à l’exception d’une similitude : leur passion pour les méandres de la pensée humaine. Ce point de rencontre sera le départ d’un débat intellectuel, et d’une aventure amoureuse.
Dans la rencontre de ces deux esprits, la question principale est : peut-on vraiment saisir les détails de la pensée humaine ? Au fil de l’histoire, les personnages cherchent à se comprendre eux-même et à comprendre l’autre. Dans une quête de connaissance sans fin : peut-on objectivement connaître des mécanismes humains qui, par essence, sont subjectifs ? La pièce ne donne pas réellement d’élément de réponse. La réflexion en reste donc là après une heure et demie de spectacle. Rien n’accompagne cette réflexion, le reste de la pièce n’a pour sujet que le comportement des personnages eux-mêmes. Des personnages caricaturaux, à l’humour mal dosé.
Cette caricature tranche avec le message de la pièce et donne l’impression d’une pensée inaboutie. Les personnages manquent de profondeur et ne sont ainsi ni réalistes, ni attachants. Ils sont tant portés sur le sexe qu’on pourrait croire qu’il s’agit du sujet central de l’histoire.
Ce manque de nuance reste légèrement adouci par un choix de mise en scène intéressant. Les comédien.nes connaissent les deux rôles et piochent, à chaque représentation, qui jouera lequel. Le personnage masculin, goujat infidèle qui ne perçoit les femmes que comme un objet de désir, peut alors apparaître comme une croqueuse d’homme qui joue de tous ses charmes pour séduire à tout prix. Si les personnages restent trop bruts et stéréotypés, la mise en scène permet une réflexion sur le double standard. Être sensible ou séducteur.ice sont des caractères simplement humains. Pourtant, la société perçoit ces traits différemment chez un homme ou chez une femme. La pièce nous renvoie ainsi à nos propres biais et questionne notre perception du genre.