Un café pour rencontrer le monde entier

Des tapis, des poufs, des éclats de rire et une petite odeur de légumes grillés, les jeudis midi au Café Monde ont toujours un petit goût de colo de vacances. Lové au cœur de Louvain-la-Neuve, le café fait office de lieu de rencontre entre Belges et personnes migrantes. 

“Ceci n’est pas un café”, “Ceci est bien plus qu’un café” peut-on lire sur quelques affiches punaisées sur un mur. Le moins qu’on puisse dire, c’est que le Café Monde n’est pas un restaurant comme les autres. Ici, pas de cuistot.es, et pas de menu. Les cuisiniers.ères ne sont pas des pros mais plutôt des personnes issues de la migration. Ils et elles cuisinent les invendus que les magasins de la ville veulent bien leur donner. L’occasion, tous les jeudis, vendredis et samedis, de déguster une cuisine végétarienne au goût de voyage et de discuter avec des personnes originaires du monde entier.

L’accueil à la sauce belge

Pour sa fondatrice Anne-Catherine de Neve, engagée pour la justice migratoire depuis de nombreuses années, le Café Monde est la réponse à un besoin essentiel : l’insertion sociale. “Je me suis rendu compte que les personnes en situation de migration sont parfois là depuis 4, 5, 6 ans sans avoir un seul contact avec la population belge. Il vont rester en vase-clos dans les centres FEDASIL et vont toujours rencontrer les belges dans un contexte soit administratif, soit d’aide”, raconte-t-elle. Partant de ce constat, la créatrice du café s’est demandé où ces étrangers pourraient aller pour rencontrer les belges et sortir de ce rapport aidant-aidé. “Les lieux de convivialité en Belgique sont soit payants, soit dans la sphère privée, remarque-t-elle, Les Belges invitent beaucoup chez eux, mais pour être invité chez quelqu’un, il faut connaître quelqu’un.”

C’est dans ce contexte qu’apparaît l’utilité du Café Monde. Un lieu où la rencontre devient possible. Sans relation d’aide, sans attentes. Un simple lieu où manger, boire un thé, discuter ou jouer aux cartes. Un endroit de détente ouvert à tous et toutes indépendamment de son genre, de sa couleur de peau, de sa langue. 

Indépendamment de son portefeuille aussi. Car au Café Monde, pas d’addition. Seulement un gros bocal sur le buffet, sur lequel est écrit au feutre “Prix libre”. Pas de passage en caisse, parfois gênant pour celui ou celle qui doit avouer n’avoir que de faibles revenus. L’objectif est de faire tomber toutes les barrières.

“On avait besoin de joie”

En 2022, la Belgique avait accueilli 122.300 étrangers, sans compter la migration ukrainienne. Seuls 32.140 dossiers avaient alors été traités. Une situation qui ne fait que s’aggraver avec le temps et qui met de nombreuses personnes migrantes en danger. 

“On avait besoin de joie aussi”, sourit Anne-Catherine de Neve, “On avait vraiment besoin de joie parce que la situation en Belgique et en Europe est tellement dure. Il y a des centaines de personnes qui dorment dehors alors qu’elles devraient être prises en charge par l’État. Donc un lieu comme celui-ci, c’est un lieu qui rend un peu de joie, de confiance en la société civile, et de l’espoir.”

Lorsqu’on lui demande comment nous pourrions agir, nous, les étudiant.es, pour soutenir la justice migratoire, Anne-Catherine de Neve nous conseille de simplement venir au Café Monde. Que tu viennes prendre un café entre deux cours, jouer aux jeux de société avec tes potes, ou bosser un travail de groupe dans des canapés plus confortables qu’un banc de bibliothèque. Ta présence, qui que tu sois et quoi que tu fasses, est déjà un pas vers l’insertion des personnes migrantes en Belgique.

Lou-Anne Dangremont

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