À la guerre comme à la guerre

Adapté en 1930 et 1979, le roman À l’Ouest, rien de nouveau fait son retour sur grand écran avec Edward Berger comme réalisateur et scénariste. Entre massacres et sentiments, le film réussit à dépeindre l’horreur de la 1ère guerre mondiale, à quelques éraflures près.

1917. Paul, jeune étudiant allemand de 18 ans, s’engage dans l’armée impériale malgré le refus de ses parents. Plein de volonté et d’optimisme mais inexpérimenté, il va rapidement être rattrapé par la réalité du front : boue, explosions et cadavres. Au fil de ces premières peines, Paul va rencontrer Katczinsky, un soldat plus expérimenté, avec qui il va développer un sens profond de la camaraderie. C’est ainsi, accompagnés de quelques jeunes amis, qu’ils vont s’efforcer à traverser cet enfer.

Le film est un défi risqué pour Edward Berger. Bien des scénaristes ont tenté de représenter la guerre et s’en sont brûlés les ailes, aboutissant à une apologie du nationalisme ou à un irréalisme complet. Pourtant, À l’Ouest, rien de nouveau s’en sort admirablement bien. Face aux balles et aux ennemis quasiment invisibles, nous sommes immergés dans la transformation d’un personnage en chair à canon. Le spectateur se retrouve face à un processus de déshumanisation et d’horreur, rappelant sans effort Requiem pour un massacre d’Elem Klimov.

En ce qui concerne l’esthétique, l’œuvre nous offre un visuel intéressant. Les plans rapprochés des personnages sur leurs expressions renforcent notre immersion tandis que les plans plus larges nous rappellent l’ampleur d’un conflit meurtrier. Malgré cela, la propreté des images perturbe par sa volonté d’illustrer la crasse et nous éloigne parfois de la réaction attendue.

À l’Ouest, rien de nouveau nous offre aussi de nombreuses images aux puissantes sensations… Peut-être un peu trop, banalisant le plaisir de quelques moments-frissons au spectateur.

Pour finir, le film se limite au conflit en lui-même, sans s’attarder sur la question de la propagande ou du nationalisme, ni même s’intéresser à l’impact de la guerre sur les populations civiles. Bien qu’il s’applique à nous dépeindre un contraste effarant entre état-major et soldats, le film ne nous offre pas plus d’aspects politiques.

En résumé, Edward Berger nous offre un film de qualité abordant la mécanique meurtrière et déshumanisante de l’usine guerrière. En dépit de quelques défauts, il reste une œuvre majeure à absolument visionner.

Paul de Marneffe

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