“Le Balai libéré” : l’incroyable histoire de la révolution des nettoyeuses de l’UCL en 1975

“Le Balai libéré”, un documentaire de Coline Grando, à voir actuellement au Cinéscope.

En 1975, les nettoyeuses de l’UCL décident de licencier leur patron pour lancer leur propre entreprise auto-gérée. L’aventure dure 14 ans, jusqu’à ce que l’UCL ouvre un appel d’offres aux autres entreprises de nettoyage. Depuis, cinq entreprises différentes se sont succédé pour nettoyer la ville dans la ville que représente l’UCLouvain. Aujourd’hui, celles et ceux qui, discrètement tous les matins, brossent, frottent et astiquent chaque recoin de notre université n’avaient pour la grande majorité aucune connaissance de cette révolution qui avait secoué le campus au tournant des années 80. Coline Grando a alors décidé de leur raconter cette histoire, avant d’organiser des moments de rencontre entre nettoyeurs et nettoyeuses d’hier et d’aujourd’hui.

Le film documentaire, qui ne contient aucune voix-off, propose de donner la parole à ceux qui ne l’ont pas. Au travers de moments du quotidien des nettoyeurs de 2023 (tout néo-louvaniste reconnaitra un auditoire, une salle informatique, un couloir…), la réalisatrice permet au spectateur de se plonger dans la réalité de cet univers méconnu. L’insert de nombreuses archives, tirées du combat social que les nettoyeuses avaient mené en 1975, montre Louvain-la-Neuve comme peu d’entre nous l’avons connue, durant ses premières années d’existence. Les moments d’échanges entre celles qui avaient mené la révolution il y a bientôt 50 ans et ceux qui bossent aujourd’hui sur le campus sont passionnants, tant les vécus semblent se répondre.

Pendant un peu moins d’une heure trente, les thématiques de reconnaissance, d’importance de la solidarité, de revendications sociales et de représentation syndicale, s’entre-choquent, et offrent un miroir sur notre société actuelle. Le témoignage d’une nettoyeuse qui a quitté le métier d’aide-soignante, “parce qu’il est plus simple pour la conscience de ne pas nettoyer un meuble, plutôt qu’un humain”, est interpellant. Les réponses de l’UCLouvain, qui se cache derrière les difficultés économiques et administratives des appels d’offres, le sont tout autant.

“Le Balai libéré” est un documentaire à voir, certainement pour tous les étudiants de la ville qui oublient bien souvent que la propreté des auditoires ne tombe pas du ciel, mais est le fruit d’un travail besogneux et quotidien.

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