Une soirée banale, je parcours Netflix à la recherche de quelque abrutissement. Ô joie ! la série espagnole Élite diffuse sa sixième saison. Je me lance sans conviction dans six heures de grand cinéma (non).
Pour vous résumer, mes chers lecteurs retraités, Élite relate les aventures de richissimes élèves d’un lycée prestigieux. Un Gossip Girl version 2023, à l’ambiance « sex, drug, alcohol ». J’aimerais vous en dire plus, mais en six saisons, le scénario n’a guère évolué – si ce n’est via le turn-over des acteurs, prenant sans-doute conscience du massacre artistique auquel ils participent.
Mais revenons à ma banale soirée. J’ai le souvenir vague d’avoir consommé l’une ou l’autre saison de ce chef-d’œuvre (sorti pendant le confinement, pour ma défense). Fort heureusement, je n’ai aucune difficulté à comprendre l’intrigue, à peu près aussi passionnante qu’un docu-fiction sur l’élevage des drosophiles. Pour vous dire, je ne remarque même pas que le huitième épisode constitue le dernier, tant il n’apporte ni clôture, ni nécessité d’une saison suivante. Trivialement dit : c’est assez chiant.
Allez, je suis mauvaise langue, le programme possède bien quelques atouts. La bande originale offre une atmosphère musicale immersive d’assez bonne qualité. Pour les sensibles aux belles images, vous trouverez quelques plans de fête plutôt bien réalisés, ainsi qu’une attention particulière aux tenues des personnages. Bref, c’est esthétiquement regardable, bien que pas fort différent des 600 autres productions Netflix : haute définition, saturation maximale, images obscures. Hélas, on sait que ce n’est point suffisant pour attester de la qualité d’une série.
Mais ce qui m’a le plus titillée, c’est peut-être le ton de Élite. La série se veut manifestement woke, abordant non-hétéréosexualité, violences conjugales et autres accusations de viol. On aurait sans doute préféré qu’elle ne s’essaie pas à ces sujets plus ou moins sensibles, tant elle s’y prend mal. Spoiler alert, pour ne citer que ces exemples : la victime retourne avec son bourreau, et un couple de garçons fricote avec le père de l’un d’entre eux (rappelons qu’il s’agit d’adolescents. On frôle l’illégalité, non ?). Sachant l’âge cible du public, je doute que le programme ne serve d’exemple inspirant pour la jeunesse.
Chers lecteurs, épargnez vos cerveaux et faites-moi donc plaisir : si vous flânez sur Netflix avec l’envie de fuir votre quotidien morne, optez plutôt pour un docu-fiction sur l’élevage des drosophiles. Au moins, vous en apprendrez plus sur l’univers fascinant des insectes.