Vers une nouvelle réduction du travail ?

Historiquement, le gouvernement belge avait, dans les années 90, une nette tendance à la baisse du temps de travail. Entre 1950 et 1999, le temps de travail hebdomadaire légal passe de 48h à 40h, pour finalement descendre à 38h par semaine en 1999. Depuis lors, le temps de travail n’a légalement pas beaucoup changé. Et si on y réfléchissait à nouveau?

Depuis les années 2000, la productivité du travailleur moyen a augmenté, et la révolution technologique qu’est l’IA pourrait nettement augmenter cette tendance dans un futur à moyen terme. Face aux sempiternelles questions du chômage, de l’augmentation des temps partiels et du manque monétaire à gagner qui en découle, ainsi que l’envie des jeunes d’atteindre une bonne balance entre travail et vie privée, on pourrait se demander si réduire légalement le temps de travail n’augmentera pas la qualité de vie du belge moyen.

Moins d’heures, plus pauvres ?

D’après Statbel, 25% des salariés en Belgique travaillent aujourd’hui à temps partiel. Si l’on en croit la Fondation Travail Université (FTU), le nombre de travailleurs à 4/5 de temps représentait le groupe le plus important des travailleurs à temps partiel. Ce type de temps partiel est généralement choisi dans un souci d’équilibre entre travail et vie privée. De nouveau d’après Statbel, les travailleurs à 4/5 de temps représentaient en tout 12,3% des salariés en Belgique entre 2017 et 2021. Tout un groupe de personnes qui ne risquent pas de baisse de salaire en cas de réduction du temps de travail légal.

Par ailleurs, nombre de travailleurs sont prêts à accepter un salaire moins élevé. Si l’on en croit l’enquête réalisée par le centre de recherche et d’information socio-politique (CRISP) : « Travailler plus, travailler moins, travailler tous », qui a questionné 1451 belges, près de la moitié des salariés (45,9%) étaient prêts à accepter une réduction de salaire de 5%, mais seulement 17,9% d’entre eux étaient prêts à accepter une baisse de 10% du salaire. La question de la réduction du temps de travail est donc forcément liée à la question du salaire.

Pour une baisse du temps de travail.

C’est dans ce cadre précis que plusieurs organisations décident de promouvoir la réduction du temps de travail. C’est notamment le cas de la FTU qui avance les arguments suivants :

Dans le cas d’une réduction du temps de travail légal de 38h à 32h par semaine, la FTU avance que trois cas de figure peuvent se présenter. Soit le travailleur œuvrait déjà 32h par semaine, ou un 4/5 de temps plein, auquel cas son temps partiel devient un temps plein. Soit le travailleur prestait moins de 32h, auquel cas il récupère les heures surnuméraires de ses collègues autrefois à 38h par semaine jusqu’à atteindre lui-même 32h par semaine. Ou alors, le travailleur preste moins de 32h par semaine et ne souhaite pas changer son contrat, auquel cas son temps partiel devient plus proche d’un temps plein. Dans l’ensemble de ces cas de figures, la plupart des temps partiels se rapprochent d’un temps plein, la longueur des temps pleins se réduit, et les inégalités salariales se réduisent également. Pour ce qui est des salaires, seuls ceux travaillant à temps pleins risquent une baisse, qui ne sera pas forcément confirmée.

Quant aux questions que cela pose au niveau du budget de l’État, l’hypothèse avancée par les acteurs en faveur de ce changement est complexe. De manière simplifiée, ils avancent qu’accompagné d’une politique holistique sur le travail en Belgique, cette mesure réduira le chômage et les incapacités de travail ainsi que les allocations associées. D’un autre côté, elle augmentera les impôts via l’augmentation de la masse salariale, sans toutefois réduire le salaire de manière significative. Il ne reste plus qu’à savoir quel type de monde du travail les Belges souhaitent pour l’avenir.

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