Les petites filles adorent porter du rose et les petits garçons du bleu ? Les Wallons sont des fainéants alors que les Flamants sont de grands travailleurs ? Les personnes en situation d’obésité sont plus drôles que la moyenne ? Les hommes sont forts et ne pleurent jamais alors que les femmes sont fragiles et émotives ?
Des stéréotypes de ce genre, combien de fois en avez-vous entendu dans votre vie ? Des dizaines, des centaines de fois ? Vous aussi, vous pensez que la plupart de ces clichés sont faux ou dépassés ? Cependant, ces injonctions influencent nos vies, nos choix, nos performances. Vous ne me croyez pas ? Et pourtant c’est la science qui le dit ! Des études ont notamment prouvé que, le fait d’exprimer des injonctions négatives à une catégorie de gens avant une épreuve pouvait faire baisser les résultats de cette catégorie.
Études réalisées sur l’influence des stéréotypes
Il y a quelques années, deux chercheurs en psychologie sociale ont mené une expérience révélatrice. Ils se sont rendus dans deux classes d’étudiants mixtes. Avant un examen de mathématique, ils ont exprimé la fausse idée suivante à la première des deux classes : « Statistiquement, les filles obtiennent de moins bons résultats dans les matières scientifiques que les garçons ». Dans la seconde classe ils émettent l’injonction suivante : « Statistiquement les filles et les garçons obtiennent des résultats similaires dans les matières scientifiques ». Dans la classe qui aura reçu l’injonction négative, les résultats des filles seront en moyenne moins bons que dans l’autre.
Une seconde étude menée sur deux groupes de femmes a démontré l’influence des stéréotypes basés sur le physique. Il s’agissait d’un exercice d’équilibre proposé à deux groupes de femmes en surpoids. A l’un des deux groupes on indiquait que « Le fait d’être en situation d’obésité diminuait les chances de réussir l’exercice » tandis qu’à l’autre groupe on indiquait que la corpulence n’influençait pas les résultats. Sans surprise, le groupe dont les participants ont été dévalorisés avant l’expérience a fourni de moins bonnes performances.
Comment interpréter ces études ?
En réalité, les injonctions édictées dans ces études ne sortent pas de nulle part. Vous aviez certainement déjà entendu ces stéréotypes selon lesquels les femmes seraient moins douées dans les branches scientifiques ou que les personnes obèses auraient de moins bonnes capacités physiques. Les participants aussi les avaient déjà entendus. Tout dépend alors de l’environnement dans lequel on places les sujets : un environnement plus égalitaire conduit les personnes étudiées à moins adhérer au stéréotype et à mieux réussir dans une situation par ailleurs menaçante. En revanche, la performance est la plus faible lorsque les personnes sont amenées à adhérer au stéréotype selon lequel leur groupe manque de capacités et qu’elles sont placées en situation de menace du stéréotype.
Quelles solutions ?
D’abord, il faut lutter contre les stéréotypes qui transforment en dispositions naturelles des inégalités sociales qui découlent de caractéristiques héritées (l’origine sociale, le sexe, la couleur de peau, etc). Il semble aussi nécessaire de montrer comment les rôles stéréotypés se répandent et qui ils servent. Qui a intérêt à ce que les gens restent à leur place, dans les cases dans lesquelles ils sont ? Qui a intérêt à leur faire croire qu’ils sont à leur « juste » place ?