En mars 2021, des étudiantes de l’ULB lançaient « Balance ton folklore », dénonçant ainsi les violences sexuelles perpétrées dans le milieu folklorique estudiantin. Si le mouvement n’a pas connu son équivalent à l’UCL, certains dénoncent tout de même une forme de sexisme dans les traditions néo-louvanistes. Qu’en pensent les principales concernées ?
Lorsqu’on demande à des filles investies dans le folklore si celui-ci est sexiste, la réponse est unanime : oui, au moins en partie. Pour certaines, il s’agit simplement d’un prolongement d’une société inégalitaire : « Si notre culture est sexiste, le folklore l’est aussi », reconnait Romane. Clémentine tient à nuancer : « Ça ne veut pas dire que tous ceux qui le perpétuent sont sexistes. Mais bien que quelques traditions, comme l’exclusion des femmes, le sont. »
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Briser le plafond de verre
En effet, il y a encore quelques années, plusieurs cercles ou régionales n’admettaient pas la présidence des femmes. Même si cela tend à disparaître, elles restent peu nombreuses dans les postes élevés. « Il est plus difficile pour une fille d’accéder à un poste du haut comité. Certains pensent qu’on n’a pas les épaules pour ça. », explique Chiara. « Il y a une réelle difficulté à se faire une place parmi les garçons », constate Clémentine, première présidente féminine de sa régionale.
La non-mixité ordinesque
L’absence de parité est d’autant plus présente dans les ordres (associations étudiantes autour d’un aspect du folklore), parfois exclusivement masculins ou, plus rarement, féminins. « Ce n’est plus acceptable. Chacun devrait pouvoir rejoindre l’ordre qu’il souhaite. », soutient Laura. Chiara raconte : « C’est parfois agréable de se retrouver entre femmes qui se comprennent. Mais il existe des organisations sans pendant féminin à leur ordre masculin. Nous essayons de changer ça. »
Les comportements dégradants
Certaines dénoncent des comportements discriminatoires, notamment en soirée ou lors de bleusailles (activités de baptême). « Une bleuette est sortie avec plusieurs comitards et elle a eu un baptême plus compliqué pour ça. Je pense qu’elle ne disait rien sous prétexte de n’être “qu’une bleuette”. », témoigne Chiara. Romane, quant à elle, n’observe pas de différence de traitement : « Le baptême, c’est accepter de passer par des activités dégradantes. Mais cela s’appuie sur les limites et le consentement de chacun. » Heureusement, les agissements problématiques semblent de plus en plus dénoncés. « Un garçon échangeait un bisou ou plus contre des points pour notre carnet de bleu. Il a été écarté. », confie Julie.
Réinventer les chants
Une autre critique s’adresse aux chants paillards, dont certains sont qualifiés de misogynes. À ce sujet, les avis sont plus nuancés. Certaines prônent la suppression de ces chansons : « Nous les avons exclus des bleusailles », affirme Iris. Cependant, la majorité plaide plutôt pour une recontextualisation, comme le suggère Clémentine : « Je trouverais constructif de faire un aparté pour expliquer l’histoire et d’insérer des chants plus actuels à côté. » « Nous savons que ces chants sont à prendre au second degré. », précise Laura.
Vers un folklore inclusif
Somme toute, il semblerait que le milieu du folklore évolue sur la question. Récemment, une femme a intégré pour la première fois le prestigieux OSC (ordre souverain de la calotte). « C’est compliqué de changer une tradition qui existe depuis longtemps, admet Laura, mais ce monde bouge. » Iris est optimiste : « Les cercles évoluent majoritairement vers un folklore moins sexiste. Ce sujet est pris au sérieux. »
Blandine Clément