Touchant, bouleversant, faussement naïf et parfois sardonique, Riad Sattouf raconte dans cette autobiographie dessinée son enfance en Syrie, en Lybie et en France, ainsi que son rapport compliqué avec son père, Abdel-Razak Sattouf.
L’arabe du futur, c’est avant tout le récit de la vie bouleversée de Riad Sattouf. Né d’une mère bretonne et d’un père syrien en France, la vie de famille de Riad est souvent compliquée. Si sa mère n’avait qu’un rôle partiel dans le vécu de Riad, son père sera son modèle pendant une grande partie de son enfance. Diplômé en Histoire, ce dernier décroche un poste de maître à l’université de Tripoli, dans la Libye de Kadhafi. Une aubaine pour Abdel-Razak, né dans un milieu pauvre et passionné de politique. Il est notamment un fervent partisan du panarabisme de Kadhafi.
Si les premières années de Riad en Libye se passent bien, le livre évoque avec humour les problèmes très réels rencontrés par les habitants du pays. On remarque principalement les travaux publics à l’arrêt, l’absence de propriété privée et de serrures sur les portes des maisons ou encore la propagande sur les chaînes d’information. Mais ce qui marque le plus, ce sont les attitudes du père. Sous une couche de sympathie, d’activisme politique et d’anecdotes amusantes sur son enfance se cachent un racisme, sexisme et un attrait pour l’autoritarisme viril à peine masqué. On notera entre autres sa position en faveur de la peine de mort. Et c’est peut-être là le point fort de L’Arabe du futur, de décrire le portrait au final assez subtil du père de Riad.
Portrait qui est développé dans le troisième chapitre de la BD, lorsque Abdel-Razak, après avoir fui la Libye et être retourné en France, trouve un travail en Syrie dans une ville proche de son village natal. C’est ici qu’est décrit avec le plus de précision le mode de vie dans lequel Riad a beaucoup grandi, avec une certaine naïveté. Les événements sont présentés sans jugement, malgré le choc que cela pourrait provoquer par rapport aux valeurs occidentales auxquelles nous sommes habitués.
Finalement, L’Arabe du futur fut une très chouette découverte. En plus du côté humoristique et éducatif de la BD, on peut également souligner le dessin qui, par son trait caricatural et exagéré, donne une note de douceur à des événements qui sont pourtant choquants lorsqu’on les prend dans leur contexte original. C’est donc avec plaisir que je vous conseille cette lecture. Et pour ceux qui ne seraient pas au courant, les cinq premiers tomes sont disponibles en location au kotBD ! En bref, du bon divertissement à petit prix !