Pour de nombreux jeunes, l’arrivée à l’université rime avec indépendance et nouvelles expériences. On expérimente entre autres les soirées étudiantes et l’alcool qui y coule à flot et les études qui peuvent s’avérer stressantes. Ces nouvelles conditions de vie peuvent pousser certains jeunes vers la dépendance à la boisson, la drogue ou aux médicaments par exemple. Deux étudiants ont accepté de témoigner.
Julie et Nathan étaient deux adolescents comme les autres avant leur entrée à l’université : un parcours classique, pas de problème apparent. Quelque temps après leur arrivée aux études, les choses se compliquent. Ils développent une addiction à l’alcool et pour la jeune femme s’ajoute une dépendance à son traitement de psycho-stimulants.
Une arrivée progressive
Dans de nombreux cas, ce sont les soirées à répétition et les excès commis durant celles-ci qui amènent les addictions. Julie nous explique : « Au début, j’étais juste la fille qui buvait trop en soirée. Puis au fil du temps, je me suis mise à boire tous les soirs, puis en journée pendant les cours, et à cacher des bouteilles d’alcool chez moi. J’ai également développé une addiction à mon traitement de psycho-stimulants : j’ai progressivement augmenté la dose pour en arriver à prendre trois à quatre fois celle autorisée. Cela me permettait de ne pas dormir durant 48 à 72 heures. »
Nathan a vécu une expérience similaire : « Quand j’ai terminé mes secondaires, je suis parti à l’internat. J’avais beaucoup plus de libertés et j’ai commencé à sortir et à boire beaucoup. Je détestais les études que ma mère m’avait imposées et ressentait un grand mal-être (je serai d’ailleurs diagnostiqué dépressif un an plus tard). Quelques mois après la rentrée, j’ai arrêté ces études et me suis trouvé un petit job étudiant. Ce travail me permettait de gagner quelques centaines d’euros par mois, et tout cet argent partait dans l’alcool. Je sortais presque tous les jours, même le dimanche et buvais de grandes quantités d’alcool. »
Quelles réactions de l’entourage ?
Nathan tente d’alerter sur la banalisation de l’alcool : « Quand tu es un jeune étudiant, c’est très bien accepté socialement de boire à outrance tous les soirs et personne ne te pose de questions. On peut même dire que tu es respecté par tes copains quand tu sais ingurgiter une grosse dose d’alcool en peu de temps. Une seule amie a remarqué mon addiction et a tiré la sonnette d’alarme. Mes parents ne s’en rendaient pas compte non plus : je passais la semaine à l’internat et n’avais pas de supers rapports avec eux quand je rentrais le week-end. »
Julie, quant à elle, explique que certains de ses amis se rendaient compte de son problème mais n’en mesuraient pas la gravité. Son addiction l’a également éloignée de certains proches : « J’ai perdu plusieurs relations parce que mes comportements étaient dangereux pour moi et les autres. En ce qui concerne ma famille, elle savait que j’avais un souci mais préférait fermer les yeux. »
Les difficultés pour trouver du soutien
Julie et Nathan s’en sont tous les deux sortis seuls, même si de temps à autre, leurs vieux démons les rattrapent. La jeune fille explique : J’ai consulté un psychologue et un addictologue mais ils ne m’ont été d’aucun soutien. Je trouve également que la problématique n’est pas assez abordée et prise au sérieux par les universités. »
Nathan, quant à lui, a réussi à diminuer sa consommation quand il a pris conscience du problème même s’il a toujours des difficultés à la gérer quand il ne va pas bien. Il salue certains efforts de l’université : « Je trouve ça sympa que l’université mette en place les campagnes « Guindaille 2.0 » et l’obligation des t-shirts jaunes en soirée qui parfois se baladent avec des cruches d’eau. »