Un compte à rebours… et un accord, l’Arizona évite le crash

Le gouvernement fédéral belge n’avait plus que jusqu’à Noël pour boucler son budget et satisfaire les exigences européennes. Entre déficit colossal, divisions internes et coupes contestées, la coalition Arizona avançait vers une zone de turbulence et peut-être vers son crash. Ça, c’était avant que le budget ne tombe finalement, dans la nuit du 24 novembre, au terme de longues négociations.

À l’initiative du Premier ministre Bart De Wever, la coalition s’était donnée cette échéance pour finaliser un budget déjà critiqué. Après avoir constaté début novembre l’impossibilité de boucler un accord, le Premier ministre avait fixé un ultimatum clair. Les groupes techniques travaillaient alors à préparer des compromis, marquant la première véritable accélération pour tenter de retrouver un budget qui tienne la route.

Le défi était immense : avec un déficit autour de 5 % du PIB, l’un des plus élevés d’Europe, la Belgique devait démontrer qu’elle pouvait revenir progressivement vers les 3 % imposés par l’Union européenne. Ainsi, le gouvernement devait trouver 10 milliards d’euros d’économies.

Cependant les lignes de fracture étaient nettes. La N-VA plaidait pour des coupes profondes dans les dépenses sociales, Vooruit refusait toute forme d’austérité pour préserver l’enseignement, les soins de santé et la sécurité sociale, tandis que le MR bloquait toute hausse de la pression fiscale, notamment sur la TVA. Les premières coupes dans l’enseignement supérieur flamand (32,8 millions d’euros), la recherche ainsi que l’augmentation des minervals avaient déjà déclenché de vives réactions. Et en cas d’échec d’ici Noël, Bart De Wever avait promis sa démission, renvoyant le pays sans gouvernement, dans l’incertitude…

Mais dans la nuit du 24 novembre, le budget est finalement tombé, permettant d’éviter une énième crise institutionnelle. L’accord prévoit près de 9,2 milliards d’euros d’efforts d’ici 2029, en combinant économies, nouvelles recettes et réformes structurelles. Le gouvernement entend notamment remettre au travail cent mille des cinq cent mille malades de longue durée, une mesure censée générer jusqu’à deux milliards d’euros d’économies. De plus, il n’y aura pas de saut d’index généralisé. L’indexation sera bien maintenue, mais bloquée pour les salaires qui dépassent quatre mille euros en 2026 et en 2028. Par ailleurs, la première année de travail sera désormais comptabilisée comme une année complète dans le calcul de la pension, un geste censé rassurer les jeunes travailleurs.

Sur le plan fiscal, la hausse généralisée de la TVA ne verra pas le jour. En revanche, certaines augmentations ciblées toucheront des secteurs précis comme les nuitées d’hôtel et de camping, les abonnements sportifs et de loisirs, la restauration à emporter, les pesticides et le cinéma. De nouvelles recettes proviendront aussi du doublement de la taxe sur les comptes-titres ainsi que d’une taxe de deux euros appliquée aux colis venant de pays situés hors de l’Union européenne. Un effort est également fait en faveur du pouvoir d’achat, puisque les travailleurs aux revenus les plus modestes recevront un bonus mensuel de cinquante euros nets dès l’année prochaine.

Ce compte à rebours mettait déjà en lumière les limites d’un système politique sous tension, où les attentes sociales demeurent fortes alors que les marges financières se réduisent. Les cinquante jours annoncés ont malgré tout débouché sur un accord et l’Arizona a réussi à déposer son budget sous le sapin, évitant le crash redouté. La question qui se pose maintenant est de savoir comment ces mesures seront appliquées, comment elles seront accueillies et si cet équilibre fragile parviendra réellement à tenir jusqu’en 2029.

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