Avertissement : Cet article n’a pas été relu. Pendant que les étincelants procrastinaient sur les corrections, l’équipe de mise en page se chamaillait sur la taille entre les lignes. Il contient sûrement trop de caractères (je me suis fait disputer). Le fichier InDesign s’appelle d’ailleurs « version_finale_définitive_v12_bis ». Alors, si certains paragraphes débordent, c’est normal : j’ai préféré sacrifier la mise en page plutôt qu’un jeu de mots. Bonne lecture.
Ces 20 dernières années, j’ai connu la gloire, les fautes d’orthographe et les agrafeuses récalcitrantes. J’ai survécu aux versions Word qui se ferment sans prévenir, à mes rédacteurs qui promettent de rendre leurs articles “demain soir max, promis”, et aux correcteurs qui disparaissent mystérieusement pendant les périodes de blocus. Et maintenant, me voilà à ma dernière page. Avant de m’éteindre dans un doux bruissement de papier recyclé, laissez-moi vous confier mes dernières volontés :
1. Que mes pages soient enfin accueillies avec enthousiasme.
Quand je suis distribué dans la rue, combien de fois a-t-on fait semblant de ne pas me voir ? Combien de mains m’ont esquivé avec élégance, comme si j’étais un parasite ? Je rêve du jour où l’on me saisira avec joie, ou au moins par curiosité.
2. Que mes imperfections d’impression soient célébrées.
Notre imprimeur laissera toujours des taches d’encre, des pages qui collent entre elles et des phrases mal alignées. Chaque raté est la preuve que mes rédacteurs ne sont que des moins que rien d’étudiants, et que, pour lui, ces défauts importent peu …
3. Que mes lecteurs admettent enfin la vérité.
Tout le monde ne lit que la dernière page et le sudoku. Mais peu importe : au moins cette fois, vous saurez que ça me blesse ! … mais vous irez quand même faire le sudoku.
4. Que mon rôle dans la séduction soit reconnu.
On m’utilise pour draguer un certain kapiste dans mon Madame Irma, je le sais. Qui aurait cru que je deviendrais un accessoire romantique et subtil ? Je l’accepte avec fierté : si je peux contribuer au flirt sur le campus, ma mission est accomplie.
Et maintenant, je me retire. Je m’éteins doucement entre deux piles de numéros jaunis jamais distribués et un reste de Carapils.
