Lundi 8 septembre 2025. M. Lecornu est nommé Premier ministre, succédant à François Bayrou, en raison de l’échec de son vote de confiance. Il a promis une rupture « sur le fond » et « sur la forme » dès son inauguration à Matignon. Suite aux échecs des gouvernements Barnier et Bayrou, quelle forme d’exécutif permettrait à la France d’être gouvernée durablement ?
Cette nomination a, d’abord, été mal perçue par le PS et les Écologistes qui dénoncent une « provocation ». Il est vrai que le PS a cru un temps voir un de ses chefs nommé à Matignon pour succéder à François Bayrou afin de former un gouvernement de gauche.
Maintenant que M. Lecornu a été nommé chef du gouvernement, ce dernier a débuté les pourparlers avec les différents partis. Une politique de « rupture », comme il l’a indiqué dans son inauguration, pourrait émettre l’idée d’une politique plus sociale, après 8 ans de libéralisme économique. Néanmoins, elle pourrait à l’inverse laisser entrevoir un pacte avec l’extrême droite et les Républicains, afin d’acter une rupture totale sur les sujets migratoires et identitaires. Cette dernière proposition semble autodestructrice pour le camp présidentiel, situé au centre droit. Cela aurait pour effet de favoriser l’argumentaire du Rassemblement national pour les élections présidentielles à venir et d’affaiblir le camp du président de la République. Les électeurs préfèrent, bien souvent, l’original à la copie et ce dernier serait vu par une partie de ses électeurs comme étant un marchepied de l’extrême droite contre lequel il a prétendu s’être construit en rempart.
Pourtant il existe bien une solution, qui n’a pas encore été abordée. Un pacte entre l’ancienne majorité présidentielle et la gauche sans La France insoumise. Premièrement, le Nouveau Front populaire est déjà fragmenté, que ce soit à travers les propos de Jean-Luc Mélenchon sur le conflit russo-ukrainien. Mais encore, les dirigeants socialistes et insoumis ont d’ores et déjà fait part de leur refus de s’allier lors des élections municipales de 2026. Il en va de même pour d’éventuelles nouvelles élections législatives anticipées. Par ailleurs, un tel gouvernement représenterait plus de députés que le socle ayant soutenu les gouvernements Bayrou et Barnier, soit 243 contre 210. Il suffirait à Sébastien Lecornu et aux partis du prochain socle commun de mettre en œuvre un programme de gouvernement et de légiférer texte par texte avec LFI et LR, en fonction des projets de loi.
Ce type de gouvernement permettrait à la gauche hors-LFI de se refaire une santé en se démarquant complètement de cette dernière, à l’aube des prochaines échéances électorales et de récupérer de l’électorat de gauche qui avait été capté par les macronistes. Cette nouvelle alliance de gauche pourra se targuer d’avoir évité un gouvernement de droite soutenu implicitement par le Rassemblement national et d’avoir pu créer des avancées sur le plan écologique et social, bien qu’elles ne soient pas aussi fortes que celles proposées par le Nouveau Front populaire.
D’un autre côté, ce gouvernement permettrait au centre droit d’endiguer la progression des Républicains dans les sondages et de reléguer ces derniers à un parti d’opposition peu audible et faible en raison de son faible nombre de députés (49), laissant toute la place de l’opposition à droite au RN. Le centre droit pourra notamment se féliciter auprès de ses électeurs de ne pas avoir cédé à la pression du Rassemblement national et de LR tout en ayant conservé certains acquis des gouvernements macronistes.
Reste à savoir si, pour éviter la crise de régime, les partis de gauche et de centre droit auront l’audace de rentrer dans une culture politique nouvelle, tournant le dos à la logique politique verticale de la Ve République.
