Invisibilisée par l’actualité internationale mouvementée, une histoire remarquable mérite pourtant d’être mentionnée: celle de la cathédrale Notre-Dame de Paris, ou plutôt de sa résurrection.
Tout part d’un drame. En cette fin d’après-midi ensoleillée du 15 avril 2019, une fumée jaunâtre apparaît dans le ciel parisien. Elle provient de la toiture de plomb de l’édifice sacré. Les badauds, regardant pantois la scène, comprennent rapidement qu’un incendie a débuté dans le toit de Notre-Dame. Très vite, la stupeur et l’émotion gagnent le public aux alentours. Des touristes aux Parisiens, l’inquiétude sévit. Des rassemblements spontanés se forment sur les ponts et dans les rues environnantes, observant le brasier naissant.
La soirée et la nuit seront longues pour les pompiers de Paris, qui lutteront avec détermination contre les flammes. Certains risqueront même leur vie pour sauver ce monument prestigieux et joyau du patrimoine mondial. Leurs efforts ne seront pas vains : la cathédrale de pierre en ressort meurtrie, dénudée de sa fameuse flèche et de sa charpente, toutes deux transformées en un amas de cendres. Mais Notre-Dame de Paris tient encore debout, soutenue par ses tours de pierre et ses arcs-boutants.
Symbole transcendant les croyances et les nations
Le choc est international, cette catastrophe qui – rappelons-le – n’a miraculeusement fait aucune victime, n’a pas seulement touché les Français. Bien plus qu’un simple lieu de culte, la cathédrale est un symbole universel dans l’imaginaire collectif. Qu’il s’agisse de l’histoire du bossu de Notre-Dame, popularisée par le film d’animation iconique de Disney, ou encore par le roman “Notre-Dame de Paris” de Victor Hugo, ce monument est connu et aimé dans le monde entier. Elle est comme une silhouette rassurante, inspirant la sérénité, la beauté, et incarnant l’histoire mouvementée de la France. Gardienne intemporelle de Paris, elle veillait sur la capitale bien avant son acolyte de fer, la Tour Eiffel.
Le chantier du siècle
Le début de la résurrection est entrepris dès le lendemain du drame. La sécurisation de la structure, par des supports en bois, est d’ailleurs assurée par une entreprise de menuiserie belge. Le chantier est hors-normes : artisans, architectes, historiens, ingénieurs et toutes sortes d’experts en patrimoine sont sollicités pour relever le plus grand défi de leur vie.
Pendant près de cinq ans, ce sont plus de 250 entreprises et des centaines de corps de métiers – du grutier au charpentier, en passant par les peintres spécialisés en iconographie médiévale – qui se relaient. Fruit du travail passionné de ces femmes et ces hommes, la cathédrale se coiffe à nouveau de sa flèche dès janvier 2024, signe ultime de sa résurrection. En avril de la même année, c’est au tour de la croix de chevet, conçue par Viollet-le-Duc, de reprendre sa place.. Le 8 décembre sera la conclusion de cette incroyable aventure humaine.
Cathédrale de l’universalité
Il peut paraître incongru d’accorder tant d’importance à ce chantier. Mais il symbolise la capacité de résilience de l’humanité et son esprit créatif ; des qualités qui émergent toujours après un drame. Notre-Dame est l’incarnation de cette aptitude à rebondir, tel le phénix qui renaît de ses cendres et représente ce que l’humanité a de meilleur à offrir : s’aimer plutôt que haïr, construire des ponts plutôt que des murs, créer plutôt que détruire. C’est pourquoi Notre-Dame est bien plus qu’une cathédrale : elle est le symbole de l’universalité.